On ne présente plus Jean Lopez, l’historien qui n’a de cesse de nous proposer des ouvrages d’histoire passionnants. Chacune de ses publications est une merveille d’érudition, je pense encore à l’excellent Barbarossa publié en 2019 et La guerre antique, son dernier ouvrage ne déroge pas à cette règle.
Publié aux éditions Perrin dans un format somptueux avec une superbe qualité de papier, La guerre antique est construit autour d’articles parus dans la revue Guerres et Histoire avec de nombreuses contributions inédites. Il est illustré d’une iconographie abondante avec de nombreuses cartes et de somptueuses reconstitutions de Giuseppe Rava, l’illustrateur virtuose de la bataille antique. L’ouvrage constitue une somme incontournable qui va le faire devenir une référence sur les armées antiques et un classique parmi les ouvrages d’Histoire sur la période.
En introduction, l’auteur nous raconte en quelque sorte la genèse de cet ouvrage, suite à un sondage mené par la revue pour connaître les attentes de ses lecteurs. Leur demandant quelle époque de l’histoire militaire ils préféraient, une majorité se dessina vers le 20ème siècle mais de nombreux lecteurs de moins de 30 ans se déclarèrent en faveur de l’Antiquité. Cela s’expliquant peut-être par les jeux vidéo, de nombreux étant consacrés à cette période mais aussi par les wargames et les jeux de stratégie.
Suite à ce sondage, la revue décida de consacrer dans chacune de ses parutions au moins un article sur la guerre antique. Les éditions Perrin ont ensuite voulu les rassembler dans un écrin nouveau pour nous proposer ce magnifique ouvrage qui va permettre aux lecteurs d’avoir la réponse à de nombreuses questions.
Ramsès II, Nabuchodonosor, Alexandre le Grand, César, Attila, qui ne connaît pas ces grands conquérants de l’Antiquité ? Comment faisaient-ils la guerre, comment assiégeaient-ils les villes, comment nourrissaient-ils leurs soldats, où trouvaient-ils le fer pour leurs armes, les chevaux pour leurs chars et le bois pour leurs vaisseaux ?
L’ouvrage est construite autour de quatre grandes parties. La première partie est consacrée aux guerres et batailles de l’Antiquité avec la bataille de Qadesh, celle de Marathon et d’Alésia pour les plus connues mais aussi celles d’Andrinople, de Teutoburg et d’Hydapse et de nombreuses autres.
La deuxième partie est consacrée aux armes et tactiques, je l’ai trouvée particulièrement intéressante car j’y ai appris beaucoup de choses notamment avec le chapitre sur les frondeurs, considérés comme les snipers de l’Antiquité. On y trouve aussi un chapitre sur les trières, sur le rôle des éléphants, sur les chars d’assaut, sur la dolabra (encore un chapitre éclairant), l’outil important du légionnaire mais aussi sur les camps fortifiés sans oublier la phalange.
La troisième partie est consacré aux grands chefs de l’Antiquité, autour des figures de Nabuchodonosor, de Cyrus, de Scipion l’Africain, de Jules césar, de Vercingétorix mais aussi de Julien L’Apostat (encore un chapitre que j’ai beaucoup aimé).
La dernière partie porte sur les troupes, débutant par un chapitre consacré à l’armée Assyrienne qui a tout inventé ou presque. L’armée Perse n’est pas en reste, l’ouvrage nous le montre aussi et l’on découvre aussi le bataillon Thébain avec sa légende qui en a fait une troupe invincible, unie par un lien homosexuel. Une partie est consacrée aux mercenaires utilisés par Carthage, une autre à la légion romaine et une autre aux vélites (sûrement moins connus), les voltigeurs de l’armée romaine. Sans oublier non plus les archers romains, souvent méprisés (la plupart n’étaient pas citoyens romains) mais terriblement indispensables dans les victoires. J’ai enfin appris beaucoup de choses sur les cataphractaires, les cuirassés byzantins ayant une tradition militaire typiquement asiatique.
La grande qualité de ce livre au-delà des chapitres qui sont excellents tient aussi dans les nombreuses anecdotes qui nous proposés à chaque chapitre en aparté dans des cadres en couleur. A cela s’ajoute des illustrations toujours pertinentes et éclairantes.
L’autre point fort de l’ouvrage, c’est les dossiers qui nous sont proposés dans l’ouvrage. On en trouve un pour chaque partie et il faut avouer qu’ils ont de grandes qualités. Le premier traite de la guerre du Péloponnèse entre Athènes et Sparte. Le second porte sur l’énigme de la défaite carthaginoise à Zama en 202 avant Jésus christ autour d’Hannibal et de Scipion l’africain. Pour la partie consacrée aux grands chefs, l’ouvrage nous propose un très beau dossier sur l’armée d’Alexandre et sa recette de l’invincibilité. Pour finir, la dernière partie se clôture sur un dossier sur la chute de l’empire romain. Un glossaire est évidemment présent en fin d’ouvrage, comme dans tous les bons ouvrages d’histoire.
Alors voilà, cet ouvrage qui vient tout juste de sortir est formidable, dans tous les sens du terme. Il s’avère être indispensable à mes yeux de faire partie de toutes les bibliothèques de ceux qui aiment l’histoire et l’Antiquité. Il fera, je le pense, un très beau cadeau de Noël pour un prix très peu élevé par rapport à sa qualité et sa beauté. |