Après un bref passage en solo à Paris d'Elyas Khan le frontman de Nervous Cabaret fin janvier, le groupe entier a pris pied sur le sol français pour une tournée qui commence par deux concerts à la Flèche d'Or.
Ce soir, pas moins de 4 groupes à l'affiche de la Flèche d'Or, enfumée et bondée comme jamais, au point où seule la démarche en crabe permettait un quelconque déplacement.
La programmation à une heure tardive de la tête d'affiche Nervous Cabaret d'affiche s'avère finalement fort judicieuse car elle aura pour effet de décongestionner la salle des groupies des 3 premiers groupes et des forçats du dernier métro, permettant aux fans du groupe de pouvoir apprécier leur set. Restaient bien les clubbers habitués du lieu mais le temps écoulé et le nombre de verres ingurgités avaient un peu entamé leur velléité de logorrhée d'hype branchouille.
Ceux qui n'avaient pu assister aux Transmusicales de Rennes en 2005 découvrent les musiciens : Fred Wright à la trompette, Don Undeen au saxophone, Matt Morandi à la basse, Greg "G Wiz" Wieczorek aux batterie et percussions, Brian Geltner au tympanium et bien sûr Elyas Khan à la guitare et au chant.
Et si leur album éponyme sorti en novembre 2005 peut donner une idée de leur "ecstatic music for savage souls", il faut bien reconnaître que le live permet de mesurer à la fois la singularité de leur musique résultat d'une belle symbiose de talents et sa puissance. Car ce ne sont pas des musiciens nés de la dernière pluie et leurs noms sont plus que connus.
Nervous Cabaret est né de la rencontre de musiciens passionnés qui avaient envie de donner libre cours à leurs fantasmes musicaux. Cela donne une musique profonde, viscérale, féroce, profondément humaine et brute, qui casse toutes les conventions musicales se jouant des dissonances comme des discordances dès lors que le rythme transcende les émotions.
La section rythmique est menée par des fous furieux. Regardez bien Brian Geltner et son tympanum car ce n'est pas un instrument courant.
A ses côtés, en totale harmonie, Greg Wiz semble faire partie intégrante de sa batterie tant son corps participe de la fièvre qu'il impulse à ses fûts.
Côte à côte, ils jouent à l'unisson, se regardant souvent, dans une sorte de transe qui monte crescendo au point que l'on se demande si les instruments ne vont pas rendre l'âme. Bien que les lumières le laissent souvent dans l'ombre, il ne faut pas oublier Matt Morandi qui porte la basse, souvent reléguée au second plan, dans des accords et une échelle de gammes tout à fait remarquables participant totalement à la structure du morceau.
La section cuivres quant à elle, même si elle est, contrairement à l'habitude, en fond de scène ce qui leu rpermet d'avoir une vision totale de la rythmique, elle repose sur deux maîtres en matière de vibrations.
La trompette de Fred Wright, qui officie aussi aux chœurs en cris affolants, part dans des en volées parfois suraigues temporisées par les graves maîtrisés du saxo baryton de Don Undeen et offre un véritable écrin à Elyas Khan. La voix brute, rauque, chaude et envoûtante de ce dernier qui possède une scansion atypique aux confins de la mélopée et du rap, transcende les morceaux et arrive à dominer l'ensemble qu'il paraît guider d'une guitare luxuriante, triturée, fouillée aux confins de ses possibilités rythmiques et sonores.
Pour ceux qui ont aimé leur album et se colleter dans des contrées musicales étranges et inusitées, du punk au free jazz, ce concert est un grand moment inoubliable et une vraie claque musicale.
Les morceaux de leur album (comme "Furious bed", "Tryptych", "Kid sic", "Mel Gibson" ou "Grand palace of love" mais il faudrait les citer tous) sont totalement transcendés en live et portés à la puissance 100 000. Nervous Cabaret propose également quelques titres de leur précédent LP Ecstatic music for savage souls ("Learning out the windows", "Hotel 94" et "Page 13") qui attestent de leur ingéniosité et leur virtuosité.
A rater sous aucun prétexte pour ne pas mourir idiot ! |