Une nouvelle année débute et je ne pouvais la commencer qu’en compagnie d’un ouvrage d’Histoire. C’est donc Jean-Clément Martin qui m’offre ma première lecture, un auteur que je connais, qui m'a récemment émerveillé avec son Infographie de la Révolution française.

Et de nouveau son ouvrage porte sur la Révolution française, une période qui reste présente dans les mémoires comme dans les débats et sert de référence pour apprécier ce que nous vivons. L’ouvrage s’interroge sur cette révolution qui reste, plus de 200 ans après sa conclusion, au cœur des divisions françaises.

La Révolution française reste ainsi beaucoup plus clivante que les autres moments de notre histoire récente, nourrissant fantasmes et clichés. La terreur et Robespierre qui en est tenu pour responsable, la guerre de Vendée et son assimilation aux massacres du 20ème siècle, les affrontements mémoriels dès que tel personnage ou tel évènement est proposé pour dénommer une rue témoignent qu’il n’y a ni oubli ni consensus, après plus de deux siècles.

Alors voilà, il semble évident pour l’auteur que la Révolution n’est pas terminée et que le passé vit toujours dans le présent. De nombreuses questions restent sans réponse que la Révolution suscite encore.

L’ouvrage est constitué d’interventions de l’auteur faites entre 1981 et 2021. Après une introduction nous expliquant que la Révolution est toujours actuelle, l’ouvrage est construit autour de quatre parties : Révolution, Vendée et contre-révolution, Mémoires et vérité(s) et pour terminer respecter l’histoire.

La première partie intitulée Révolution s’ouvre sur un hommage à Samuel Paty, nous montre comment la Révolution divise encore, s’interroge sur la souveraineté du peuple mais aussi sur ce qu’est le peuple. Dans un chapitre, l’auteur revient sur un de ses anciens ouvrages dans lequel il explique que la Révolution est constituée de quatre temps, de quatre révolutions différentes.

La deuxième partie, Vendée et contre-révolution est une des parties les plus intéressantes pour moi, particulièrement quand elle montre qu’il y a eu des crimes de guerre durant cette période sans pour autant avoir un projet génocidaire. Cela permet de pouvoir dire qu’il n’est pas possible de parler de génocide pour cette période et revient aussi à s’interroger sur la nécessité que notre République se repente sur les massacres vendéens. Un chapitre est d’ailleurs consacré au bicentenaire des massacres de Vendée.

La troisième partie, Mémoires et vérité(s) revient sur les "fake news" concernant la Révolution française qui sont nombreux, surtout concernant la terreur et Robespierre. L’auteur nous montre qu’un mélange de vrai et de faux perdure depuis plus de deux siècles. L’auteur nous parle de Lorant Deutsch, du jeu vidéo Assassin’s Creed sur la Révolution, de la Vendée encore, miroir de l’histoire de France et revient sur le film récent de Pierre Schoeller, Un peuple et son roi.

L’ouvrage se termine sur une dernière partie plus courte, Respecter l’histoire, constituée de deux chapitres. Le premier est une réponse de l’auteur à Philipe Val suite à une réponse qu’il donna au JDD quand on l’interrogea sur l’état des lieux qu’il ferait de l’intolérance en France en 2019. L’auteur nous montre dans sa réponse que cette question de l’intolérance est reliée à la Terreur. Le deuxième chapitre parle des révolutions arabes et du renvoi à la Révolution de 1789 qui égare plus qu’il n’éclaire selon l’auteur.

En un peu plus de 200 pages, au travers d’articles que l’on peut lire dans l’ordre que l’on veut, Jean-Clément Martin nous offre une analyse très pertinente qui nous montre que l’Histoire continue, nous permettant aussi de reconsidérer nos façons de voir et de juger ce qui s’est passé avec de nouvelles approches.