Attention, ne pas confondre avec les Stranglers. Les noms sont trompeurs parfois, pas de punk à l'horizon et de crêtes en branle.
The Strugglers, troisième album et peut être une vraie bonne surprise pour l'americana indie et les amateurs de folk joué à la débotté sur le bord de la road 66. L'auditeur, au gré de ses dérives sonores, s'imaginera sans doute l'Amérique rêvée, les vieux cow-boys dégarnis enfouis dans un rocking-chair avec un vieux Steve Earle en fond sonore… Les cactus et les bottes de paille qui dévalent itou...
Lambchop, Sparklehorse, etc… Les étiquettes faciles à apposer sur la jaquette ne manqueraient sans doute pas à You win, titre d'un album si majestueux. Oh bien sûr on y invente rien, on prolonge simplement l'émotion entendue auparavant.
Des ballades au piano désarmantes de simplicité ("The disappeared") évoquant inconsciemment le timbre de voix de Michael Stipe lorsqu'il était inspiré, période New adventures in hi-fi ou Automatic for the people. Une ressemblance troublante pour deux artistes atypiques et américains. Brice Randall Bickford II, maître d'œuvre, leader des Strugglers, préfère les ballades mid-tempos, les arpèges clairs sur fond de violons et de hautbois ("The cascade range"), raconter une histoire dont on se fout clairement tant les mélodies plongent l'auditeur dans le spleen et la rêverie. Une autre Amérique est possible. Une Amérique acoustique où ses créateurs ne trafiqueraient pas tous Cubase et Protools pour arranger leurs pistes. Un pays sans vocoder où les suites d'accords ne seraient pas d'une évidence logique ("I tried to repair") et les adolescents pas maquillés comme Rancid ou Greenday.
Etonnamment, le piano reste omniprésent tout du long, matelas confortable pour la voix écorchée de Brice Randall, strapontin éloquent pour les mélodies qui s'étirent sur ces neuf titres indissociables. Des comptines en mineur pour assoupir les âmes inquiètes, en somme ("You win") et rappeler à notre bon souvenir que des perles comme "Racing down one path" (et son gimmick piano entêtant) peuvent sauver le monde de l'ennui. Ou tout du moins votre serviteur, pour commencer. Un bon début somme toute, et un objectif atteint. S'il vous plait achetez cet album et fourrez vous dans le crâne jusqu'au lobe occipital.
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