"Well I've been hangin' out of town, Lord, in that low down rain
Watchin' good time Charlie Francis drivin' me insane
Up on shady Charlotte Street, Lord, the green lights look red
I wish I's back home on the farm, Lord, in my feather bed
And I got myself a rockin' chair
To see if I could lose
These thin dime, hard time
Hell on Church Street blues"
Que les Punch Brothers soient aussi sous-estimés (alors que plébiscités par la profession) aux États-Unis est incompréhensible, qu’ils soient quasiment des inconnus en France est somme toute plus normal. Plus normal parce que l’esthétique du groupe (bluegrass, country), si elle est totalement ancrée dans la tradition, dans les racines de la musique américaine, est assez éloignée des goûts de notre côté de l’Atlantique. Ce n’est absolument pas une raison pour ne pas découvrir, apprécier la musique des Punch Brothers.
Les Punch Brothers (Chris Thile à la mandoline, Chris Eldridge à la guitare, Paul Kowert à la basse, Noam Pikelny au banjo et Gabe Witcher au violon) mélangent depuis 2008 et six albums tradition et modernité (on parlera de Progressive Bluegrass).
Preuve encore avec ce Hell on Church Street, réinterprétation de l'album Church Street Blues de Tony Rice, classique datant de 1983. Seul avec sa guitare (seul son frère l’accompagnant parfois à la guitare rythmique), Rice créait dans ce disque une superbe intimité, une chaleur, une sorte de simplicité qui n’empêchait ni l’intensité ni un bel éventail de couleurs et reprenait des traditionals, Jimmie Rodgers ("Any Old Time"), Dylan ("One more Night"), Gordon Lightfoot ("The wreck of the Edmund Fitzgerald"), Norman Blake ("Orphan Annie" et "Church Street Blues") ou encore Tom Paxton ("Last Thing on My Mind")...
Pour Chris Thile et sa bande, c’est le plaisir de jouer ensemble, surtout après cette période difficile, de retrouver une spontanéité, des chansons familières, revenir aux fondements de leur musique et présenter ce disque comme une "réinvention et un hommage".
Naturellement la version des Punch Brothers : une relecture non linéaire avec forcément de nouveaux arrangements finement ciselés, une variété stylistique, une élégance, des morceaux agencés parfois différemment voire assemblés ("House Carpenter" avec "Jerusalem Ridge" de Bill Monroe) donne une autre ampleur, une modernité à ces chansons que l’on redécouvre. C’est assez intéressant aussi de voir ce jeu de miroirs, de reprises de reprises. Mais tout est encore là : la force expressive, la qualité des chansons, les émotions. Et puis il y a les arabesques de la mandoline, la virtuosité des musiciens. Cela serait vraiment dommage de passer à côté.
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