Une couverture magnifique, une excellente traductrice, une auteure qui est l’une des intellectuelles américaines contemporaines les plus influentes et un titre que je trouve fascinant, il n’en fallait pas moins pour que je me penche dans et ouvrage publié par les éditions de l’Olivier, qui vont au passage continuer de publier l’œuvre de cette auteure américaine.
Découverte en France grâce à Ces hommes qui m’expliquent la vie, Rebecca Solnit est considérée aujourd’hui comme l’une des essayistes féministes les plus influentes de notre époque, une Susan Sontag d’aujourd’hui.
Souvenirs de mon inexistence revient sur son parcours personnel. Depuis son installation à San Francisco à l’âge de 19 ans, ce livre autobiographique retrace sa trajectoire jalonnée d’expériences difficiles jusqu’à l’émergence de l’écrivaine qu’elle est devenue. Elle explore les différentes facettes de ce qu’elle appelle l’"inexistence" imposée aux femmes par les hommes et plus généralement aux minorités par la société.
Quelle intelligence d’écriture chez cette femme qui rend ses lettres de noblesse au féminisme loin des clichés que l’on peut trouver chez d’autres féministes connues qui n’ont pas le quart de sa subtilité. Elle nous montre comment l’écriture peut libérer la femme du patriarcat.
La grande force de son récit réside dans sa capacité à puiser dans son vécu pour étayer une réflexion sur l’identité, sur les discriminations, sur l’hétérosexualité et l’homosexualité mais aussi sur son rapport à la lecture et l’écriture. Sa réflexion porte aussi sur les systèmes d’oppression et les structures de pouvoir sans oublier de nous donner quelques pistes pour tenter de voir un monde meilleur. Chaque individualité, si opprimée et niée soit-elle, a la capacité de lutter contre la violence systémique dès lors qu’elle comprend qu’elle n’est pas seule.
Au travers de cet ouvrage, Rebecca Solnit nous offre la possibilité de mieux comprendre qui elle est et comment elle s’est construite. Elle nous raconte son installation à San Francisco, marquée par le manque d’argent, son appétence pour la littérature mais aussi la construction de son engagement politique et féministe. Elle nous montre que les femmes sont encore souvent entravées. Il se dégage de la lecture de cet ouvrage une volonté manifeste de l’auteure de vouloir partager son histoire, son vécu et ses souvenirs avec les jeunes générations. Et c’est totalement réussi je trouve. |