Daniel Keyes, diplômé de psychologie, scénariste de plusieurs comics chez Marvel, professeur de littérature américaine et d’écriture créative, connu pour ses nouvelles et ses romans, est décédé en 2014 à l’âge de 86 ans en ayant accompli ce qui est certainement, du moins je l’imagine, le but ultime des écrivains : que leur œuvre leur survive et traverse les générations avec toujours autant d’intensité.
C’est le cas de son roman Des Fleurs pour Algernon, écrit d’après une nouvelle qu’il avait publié en 1959 dans The Magazine of Fantasy and Science Fiction et qui obtiendra plusieurs prix dont le Nebula du meilleur roman en 1966.
Dans cet ouvrage qui prend la forme d’un ensemble de compte-rendus, nous suivons l’évolution de Charlie Gordon, un jeune homme atteint d’une importante déficience mentale qui devient le premier cobaye humain d’une opération censée le rendre plus intelligent qui a déjà fait ses preuves sur une souris blanche du nom d’Algernon.
C’est donc un Charlie tout juste lettré que nous rencontrons dans les premières pages. La plume parfois quasi phonétique du jeune homme qui souhaite devenir "un télijan" fait sourire tendrement le lecteur, puis elle s’affine à mesure que son intelligence croît et cette sympathie que l’on ressent pour le personnage se mue invariablement en réel attachement. Par une narration ingénieuse, Keyes sollicite l’empathie du lecteur de la première à la dernière page de son récit.
A travers l’évolution de Charlie Gordon, l’auteur explore des thématiques aussi variées que la place de l’intellect tant d’un point de vue social que psychologique, l’adaptation, la différence, l’éthique scientifique, les relations humaines, qu’elles soient filiales, amicales, amoureuses ou toutes autres.
Je me garde ici d’en dire davantage de peur d’en dire trop sur ce récit qui, bien que relativement court, n’en est pas moins dense et mérite qu’on le découvre comme on apprend à connaître une personne, comme Charlie apprend lui-même à se connaître.
Des Fleurs pour Algernon est un ouvrage fondateur qui a inspiré bon nombre d’œuvres et a une place indéniable dans la pop culture.
Daniel Keyes a écrit en 1966 un roman immersif dont la narration est menée avec une habileté brillante. Il a fait de ce qui était à l’origine une simple nouvelle, une œuvre universellement poignante. Il s’agit du seul roman que j’ai lu jusqu’à présent dont je n’imagine pas qu’il puisse déplaire tant il est à la fois intemporel, touchant et malgré son étiquette de roman de science-fiction, ancré dans le réel. |