Drame d'après le récit éponyme de Nora Fraisse et Jacqueline Rémy, adaptation de Frédéric Andrau, et Valérie Da Mota, mise en scène de Frédéric Andrau, avec Valérie Da Mota, Renaud Le Bas et Nina Thiéblemont. Des parents qui parlent à leur fille, Marion. Mais celle-ci n'est plus là. Et par leur dialogue, le spectateur remonte le cours de l'histoire de cette collégienne discrète et effacée, de son calvaire enduré, elle, qui était devenu le souffre-douleur de la classe, devait essuyer quotidiennement insultes et humiliations jusqu'à mettre fin à ses jours de manière brutale et inattendue.
Adapté du roman éponyme de Nora Fraisse par Frédéric Andrau et Valérie Da Mota, "Marion 13 ans pour toujours" donne à voir dans une option volontairement surréaliste le récit d'une violence ordinaire, verbale et psychologique que la présence des portables et des réseaux sociaux accentue encore.
Après "Intégral dans ma peau ou le monde selon Josh", Frédéric Andrau se penche une nouvelle fois sur le mal-être adolescent. C'est de harcèlement et de cyber-harcèlement dont il est question ici, même si l'histoire de Marion met le doigt sur le dysfonctionnement du système éducatif tout entier. A ce titre, les réactions lors de la recherche de vérité de Nora la mère sont frappantes : hypocrisie de l'administration et lâcheté des professeurs.
Sur scène, dans une mise en scène épurée, les comédiens sur le plateau que seul un banc occupe rejouent l'histoire de Marion, les parents découvrant tout ce qu'elle avait tue, se culpabilisant d'abord et tentant de comprendre ce qui a pu échouer dans leur éducation. Alors que le problème se situe manifestement ailleurs.
Les trois comédiens mènent ce récit avec justesse et sobriété. Leur complémentarité est éloquente. Valérie Da Mota est une émouvante mère à la fois digne et combative. Renaud Le Bas, formidable aussi, apporte parfois la touche comique nécessaire en interprétant une galerie de personnages (profs, parents, principal).
Enfin, il y a la présence lumineuse de Nina Thiéblemont, la révélation de ce spectacle, qui incarne magnifiquement Marion et dont la reprise a cappella de "Petite Emilie" est particulièrement bouleversante. On lui prédit une très belle carrière.
Frédéric Andrau avec une finesse particulière maintient en équilibre ce spectacle intense qui ne cherche jamais l'émotion facile. Les lumières fines de Stéphane Baquet concourent à la fluidité de l'ensemble que les comédiens dans une simplicité bienvenue conduisent jusqu'à l'excellence.
Le spectateur, témoin de la détresse de Marion puis de ses parents dans l'épreuve déchirante qu'ils doivent affronter assiste impuissant à la bêtise du groupe. "Marion 13 ans pour toujours" marque au coeur pour sensibiliser de la plus belle façon sur ce fléau hélas trop répandu.
Un spectacle convaincant à diffuser donc largement. |