La guerre d’Algérie est un conflit qui a déjà fait couler beaucoup d’encre, de nombreux ouvrages d’inégale qualité sont sortis depuis de nombreuses années à son sujet. Ici vient de sortir un nouvel ouvrage sur l’histoire secrète de l’indépendance, écrit par Henri-Christian Giraud, journaliste, collaborateur au Figaro histoire, auteur chez Perrin de l’ouvrage De Gaulle et les communistes.
Il y a beaucoup de chose à dire sur De Gaulle et la guerre d’Algérie, sur ce conflit qui l’a remis sur le devant de la scène politique française. L’ouvrage de Henri-Christian Giraud, qui fait plus de 700 pages apporte un nouvel éclairage sur cette histoire.
Au terme de sa longue traversée du désert, Charles de Gaulle s’empare de la cause de l’Algérie française pour prendre le pouvoir en 1958.
Loin des hésitations et des tâtonnements que certains historiens prêtent au Général à cette époque, Henri-Christian Giraud dresse le portrait d’un homme déterminé, guidé par une idée qu’il suivra tout au long de l’affaire algérienne : l’indépendance ne fut jamais pour lui une concession accordée à contrecœur, pas plus qu’une noble initiative anticolonialiste placée sous le signe du temps. Elle fut un moyen, un prétexte pour la France de s'extraire d’une colonie dont elle n’avait plus rien à espérer.
Convaincu de servir l’intérêt supérieur de son pays, De Gaulle doit faire face à de nombreux obstacles : l’armée, l’opinion publique, le gouvernement, le peuple français, la presse, les agitateurs, les Européens d’Algérie… Autant d’intransigeants que ce "prince de l’ambiguïté" entend surmonter à sa façon. Faisant miroiter l’association aux uns, la sécession aux autres, louvoyant entre représentants de l’URSS, du FLN, du GPRA et de son propre camp, De Gaulle orchestre d’une main de maître, et par une série de coups montés, le piège dans lequel tous les acteurs du conflit vont être amenés à glisser, jusqu’à la tragédie finale.
L’ouvrage nous montre comment De Gaulle est loin d’être indécis sur le sort de l’Algérie lorsqu’il reprend le pouvoir en 1958 et que pour lui comme il aimait à le dire, "La tragédie est une solution". De gaulle a toujours aimé les crises qui lui ont toujours permis de fournir sa pleine mesure.
De Gaulle sait exactement ce qu’il veut et où il va lorsqu’il s’empare de la cause de l’Algérie francaise pour prendre le pouvoir en 1958. L’ouvrage a pour but de nous montrer que De Gaulle n’a jamais avancé à l’aveugle dans cette crise et tente d’expliquer du coup la tragédie humaine finale de cette guerre d’Algérie au travers du devenir des pieds noirs et des harkis. Il explique enfin que si l’Algérie s’est installée tant bien que mal dans l’indépendance, la France, elle, se retrouve, soixante après, dans une situation de dépendance vis-à-vis de son ancienne colonie.
Cet ouvrage est un document capital, fondé sur des archives inédites, notamment soviétiques, et des observations presque quotidiennes de nombreux témoins clés des événements. Il remet en question avec brio les hésitations et les tâtonnements que certains historiens prêtent encore à De Gaulle concernant l’Algérie. Il nous montre la dimension diabolique de De Gaulle qui voulait se délester du "terrible boulet" que représentait l’Algérie à ses yeux et comment il a orchestré un piège de main de maître pour y arriver, jusqu’à l’apocalypse finale. Ce livre est passionnant, tout simplement. |