L'electro-rock à la côte en 2006, portée par les Franz et plus récemment Clor. La nouvelle vague du rock kleenex bat son plein, prêt à évacuer toutes les saloperies coincées dans le nez de l'auditeur. Mélodies faciles et jetables, à chanter dans l'ascenseur, entre deux étages. Portée par cette humeur, en attente de rien, le cœur léger, la Maroquinerie accueillait lundi 6 mars Infadels, révélation anglaise (sic) devenue tête d'affiche.
On dit souvent le plus grand mal des premières parties. A raison souvent. Empruntées, sans entrain et sans vie. La surprise plus souvent du coté du bar que sur la scène.
Fancy y débarque, sur scène, l'air de rien. Un groupe de quatre musiciens, parisiens, sorti de nul par comme on sortirait d'ailleurs. Un chanteur, coiffure afro, maquillé comme Rambo (illuminant "Bitch", sur Schizophonia le dernier album de Rinocerose), et son groupe en bandoulière.
Pour partir à la guerre. A l'assaut d'un public plus exactement. Autant le dire tout de suite, de mémoire de critique musical, on s'en est rarement pris autant plein la gueule.
Loin des Second Sex, Naast, Tu sera terriblement gentille, toute la scène Rock & Folk parisienne pour auditeur pédophile. Un groupe, un vrai, signé sur aucun label, joue devant 300 privilégiés épars le Glam retrouvé.
Les paillettes, la folie cocainée de Roxy Music, jusqu'au funk des Jackson Brothers… Voix de fausset, aigue à casser, Stassie assure comme un diable, ramène aux golden years des New York Dolls, pénètre Sly et sa famille Stone.
La mâchoire se disloque, les os démembrés gisant au sol devant la nouvelle improbable. Fancy n'a pas de maison de disques. Pas encore dirons nous. Le buzz jouera pour eux, tout comme ces quelques titres joués à Mach 2 sur l'ampli.
De "What's your name again", très Chicago dans le style à "Inside of you," perdu entre le chant de Robert Plant et Kiss. Ca sent la naphtaline sur la veste velours, toutes guitares dehors. Le groove qui suinte par les pores. Une guitariste noire comme l'ébène, touché magique sur la six cordes, tout en fuzz. Nul doute que le futur laissera de bons souvenirs à ces parisiens. Affaire à suivre.
L'affaire semble a contrario entendue pour The Infadels.
Les groupies en érection alors que les guitares n'hurlent pas encore le crachin londonien des quatre anglais.
Serré comme un café stressé, The Infadels parvient à maintenir la pression en débutant les hostilités par "Love like Semtex", single évident d'un album qui l'est moins.
Très LCD soundsystem, le groupe livre un live de qualité, porté par des chansons à hautes compressions, surboostés par une basse à faire trembler toute la rue Boyer.
L'électro plus affirmée que le rock, les mêmes proches de l'orgasme face au chanteur qui ruisselle, éructant ses paroles avec classe et panache.
Tout cela sent le strass, les 80' sur "Can't get enough" et l'Angleterre Lads sur "Topboy". Un bon moment pour oublier ses problèmes sur des lyrics simples et faciles.
Un peu de U2 dans le carbu' sur "Girl that speaks no words" et la foule qui lève les mains. A n'en pas douter, The Infadels est taillé pour les stades.
Sauront-ils passer les modes et se renouveler, faire tomber les chapeaux et les masques, réaccorder les guitares en fonction de la hype qui évolue ?
Nul ne sait.
Au moins ce soir, le derby France-Angleterre, Fancy/ Infadels aura tourné à l'avantage de la Gaulle. La Gaulle se redresse diront les plus profonds. |