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Ateliers Berthier  (Paris)  avril 2022

Comédie dramatique d'après un roman de Thomas Bernhard, mise en scène de Séverine Chavrier, avec Laurent Papot, Marijke Pinoy, Camille Voglaire et le musicien Florian Satche.

Adapter au théâtre un roman n'est pas aisé. Encore moins quand l'auteur est lui-même un dramaturge. Cela se complique davantage quand son œuvre théâtrale est considérée comme une des plus importantes du siècle passé, voire du répertoire de tous les temps.

On peut donc écrire que Thomas Bernhard avait choisi en toute connaissance de faire des personnages de "La Plâtrière" des êtres destinés à rester sur le papier pas à être incarnés sur une scène .

En contredisant l'auteur, en transgressant sa volonté de ne pas faire incarner Konrad et sa femme, Séverine Chavrier prend un immense risque. Quand elle avait proposé sa vision du "Déjeuner chez Wittgenstein" dans "Nous sommes repus mais pas repentis", elle ne travaillait qu'à réinterpréter une matière théâtrale. Ici, elle doit aller plus loin et transformer le style si particulier de l'écrivain autrichien pour qu'il prenne sens sur scène. Elle est devant un choix majeur : soit tenter de retrouver le phrasé théâtral de Bernhard soit s'autoriser à faire tout autre chose.

On peut dire in fine qu'elle parvient, et c'est un exploit, à ne pas faire un ersatz de pièce de Thomas Bernhard avec la matière littéraire qu'elle tire de "La Platrière". Et elle y réussit par une mise en scène "abasourdissante". Elle trouve des correspondances aux phrases par les sons, les mouvements erratiques des personnages et les images vidéos. Elle sait aussi, ce que tout le monde ne sait pas, c'est que Bernhard est également poète et humoriste (noir) et ajoute à tout cela une pincée d'incongru, sous la forme d'oiseaux (pigeons et corneilles) qui vont viennent sur un plateau de faux paysage hivernal.

Comme l'auteur du "Naufragé", qui dans sa littérature travaille à fatiguer son lecteur, elle s'acharne par tous les moyens à sa disposition à taper sur les nerfs de son spectateur. Elle l'assourdit avec la musique de Florent Satche, qui assène des coups qui résonne très fort. Elle lui donne le mal de mer avec les vidéos de Quentin Vigier, savamment utilisées en direct ou en différé, où les acteurs ne sont pas toujours aux dimensions du réel. Elle l'effraie avec des comparses aux visages mous et clownesques chargés de détruire des pans de la maison qui occupe le centre de la scène.

Jamais le spectateur d'"Ils nous ont oubliés" n'est en répit dans cette mise en scène, tout comme le lecteur de la "Plâtrière" pris dans le flot ressassant de Bernhard. On comprend pourquoi Séverine Chavrier est contrainte à proposer une version très longue et, en conséquence, à les couper avec deux pauses bien nécessaires. On comprend aussi pourquoi certains décrocheront, à l'instar de ceux qui ne supportent pas la prose de Thomas Bernhard.

Au contraire, ceux qui auront surmonté les obstacles préalables, constateront que Séverine Chavrier ne produit aucun effet gratuit, qu'elle permet aux acteurs, à commencer par le couple formé par Laurent Papot et Marijke Pinoy, bien secondé dans le rôle de l'infirmière par Camille Voglaire, de fournir des prestations inoubliables. Papot, en savant empêché, dit-il, de mettre au net ses théories par une femme infirme et tyrannique, s'est presque fait la tête de Vincent Macaigne pour jouer les hallucinés. Sa partenaire, elle, a quelque chose d'une Duras en phase terminale imposant sa loi à Yann A.

"Ils nous ont oubliés" conte un fait-divers dont on a, comme dans un épisode de Columbo, la résolution dès les premières minutes. Cette forme a l'avantage de justement permettre à la metteuse en scène de se concentrer sur son propre travail formel. Elle est aidée par la très belle scénographie de Louise Sari, qui a crée dans un paysage de sapins enneigés, une maison propice au drame, pleine de "coins vidéos", dont la structure se transforme au gré des destructions.

Mention aussi à l'équipe technique : dans "Ils nous ont oubliés", on pourra mesurer toute l'importance de la lumière de Germaine Fourvel et du son réalisé par Simon d'Anselme de Puisaye et Séverine Chavrier elle-même.

Bref, un spectacle hors du commun sans doute clivant mais qu'il faut aller découvrir quoi qu'il en coûte. Mieux vaut voir une seule heure de la proposition de Séverine Chavrier plutôt que de subir la totalité de bien des pièces actuelles.

 

Philippe Person         
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