Initiative H n’est pas un ensemble comme les autres. Ce big band toulousain créé en 2012 (il fête donc ses dix ans d’existence) par le saxophoniste et arrangeur David Haudrechy, constitué d’une douzaine de musiciens (saxophones, trompettes, trombones, flûte, claviers, batterie, guitare électrique, clarinettes, percussions...) mélange avec force et gourmandise, jazz, rock, musiques électroniques, musique classique, progressif... et toujours avec un réel propos : le climat, l’humanité, l’océan...

Ce Polar Star, pensé pareillement que pour les disques précédents (Deus Ex Machina, Dark Wave, Broken Land, IH x Moondog) comme une suite, un concept, est : "une ode aux exploratrices et explorateurs qui sont allés visiter "les bouts du monde" (les pôles), entre iceberg, froid extrême, eaux glaciales, paysages infinis et ciel pur. Hommage aux projets actuels et fous que mènent quelques aventuriers du Grand Nord, tel Jean-Louis Etienne avec son association Océan Polaire. Cet album véhicule un message plein d'espoir : prendre soin de l'extrême beauté du monde, c'est être émerveillé et agir pour continuer de l'être".

Polar Star est donc comme la bande originale d’un film mental évoquant ces paysages, cet environnement et ces femmes et hommes.

Le résultat est totalement saisissant. On se laisse emporter par les mélodies XL, l’énergie, par la qualité des arrangements, par la palette des dynamiques. L’orchestre joue avec cohésion, avec un véritable son d’ensemble, avec virtuosité dans tous les registres du plus puissant et homérique au plus intimiste et fantasmagorique. L’écriture est dense, sophistiquée mais elle laisse les différentes atmosphères, les musiciens s’exprimer dans une explosion de timbres.

Et puis il y a la figure d’Aaron Copland, omniprésente, jusque dans le titre "The Watchers" (avec le Toulouse Wind Orchestra en invité) rappelant très fortement sa Fanfare for the common man, magnifique œuvre composée en 1942 qui n’est pas simplement un hommage aux soldats américains mais à tous les oubliés de l’Histoire, ces femmes et ces hommes ordinaires. Un hymne à l’espérance comme ce très beau disque !