Contrebassisste, bassiste, pianiste, Florent Richard est un musicien qui s'est mis à la chanson. Et sur son premier album, au titre hardi, L'art et la manière, qui serait d'une folle présomption s'il n'était tout simplement prophétique.
A défaut de connaître les fées qui s'y sont penchées, planent les influences notamment de William Sheller, Serge Gainsbourg et Yves Simon ce qui n'est pas rien. Car manifestement il a cette rare disposition qui permet tout simplement, oserait-on dire, de mettre en musique de superbes textes, ceux de Pierre Chazal. Un piano, une voix, quelques instruments jazzy (batterie, saxo, contrebasse), et il nous entraîne dans les piano-bars de Saint Germain hantés par Boris Vian ("L'actif artificiel").
L'opus commence et finit sur deux titres tubesques "Place à l'art" ("Je criais place à l'art, choisissons le défi du hasard/Trimbalons Verlaine de bar en bar, rendez-vous nulle part/Je criais place à l'art, tout pour nos révolutions de comptoir/Mon anarchisme du samedi soir, rendez-vous nulle part") et "L'art et la manière" ("Qu'il y a l'art et la manière/De vivre à deux et d‘en être fier/Et qu'un été sans courant d‘air/Ne veut pas dire un bel hiver").pour qui aime la chanson française classique, celle qui repose sur de vrais textes, souvent poétiques, et des compositions plutôt jazzy et chaloupées très SaintGermain des Prés.
Entre les deux, des chansons de "folk urbain" sur la ville lumière telles "Femme des villes" ("Sous ses airs de fille docile/Et ses manières enfantines/Sous sa toilette versatile/Se dresse une vraie femme des villes") et "Le dimanche à Paris" ("Faut-il que dans nos vies l'amour ne frappe qu'une fois/Pour qu'un soir à Paris l'on pleure au fond d'un cinéma/Faut-il que dans nos lits nos larmes nous traînent si bas/Pour qu'un soir à Paris mon cœur se console de toi").
Une belle réussite et une belle surprise. |