Comédie dramatique de John Cassavetes, mise en scène de Marc Goldberg avec
Myriam Boyer, Philippe Mercier, Brigitte Damiens, Stephen Szekely et Karina Beuthe.
Dans le cadre de son cycle "L'autre Amérique" au nom très explicite, le Vingtième théâtre propose avec "A woman of mystery" de John Cassavetes de dépasser l'imagerie d'Epinal de l'american way of life.
L'œuvre de John Cassavetes, réalisateur, scénariste, auteur dramatique, regorge de très beaux personnages de femmes ravagées, à la dérive de sentiments et de la vie tout court.
On ne sait rien de cette femme mystérieuse sauf qu'elle a un passé qu'elle veut absolument laisser derrière elle, dont elle s'est affranchie, pourrait-on dire, même si cette libération implique forcément un renoncement et des déchirements.
Cette femme, qui porte ses valises, expression ô combien lourde de sens au point d'être entrée dans le langage courant, erre dans la ville. Sa maison, c'est la rue, nulle part et partout. Sa vie c'est l'instant. Point d'avenir.
Les brèves rencontres fugitives avec des passants constituent quelques points d'ancrage avec le réel qui lui permettent de ne pas sombrer totalement même si elle se garde bien de s'y impliquer. Telle un papillon de nuit prisonnier elle ne cesse de se cogner contre la vitre de la vie.
La pièce s'inscrit à la fois dans un naturalisme épique et un délire onirique à l'image de l'héroïne engluée dans un réel sordide et désespérant qui se réfugie dans une vie fantasmée.
Dans la mise en scène très épurée de Marc Goldberg, tout le spectacle repose sur les épaules de Myriam Boyer. Et il faut bien reconnaître qu'elle est une des meilleures comédiennes de sa génération. Elle réussit admirablement à incarner ce personnage riche en émotions antinomiques au point de ne jamais penser à l'interprète exceptionnelle de Cassavetes que fût son épouse Gena Rowlands . |