Monologue dramatique de Louise Caron, mise en scène de Renaud Benoit, avec Serge Dupuy et Gilles Carballo.
"Univergate", le titre du spectacle proposé par la Compagnie Pic'Arthéâtre, ne donne guère d'indication quant à sa thématique, tout comme celui de la partition monologale originale "Une lune de sang dans un ciel de cendre" de Louise Caron.
Et s'il correspond à la raison sociale d'une société, il se révèle, à l'instar de la "stargate" science-fictionnelle, comme opérant une immersion dans l'univers mental d'un homme broyé par son destin, à l'instar de l'affiche qui annonce la proposition mise en scène par Renaud Benoît.
Tout commence par une hybridation du symbolisme et du réalisme par des images d'un magnifique et majestueux cerf et un crash automobile dont échappe un homme (Serge Dupuy) portant un corps inanimé (Gilles Carballo) qui va prendre la parole.
Pour relater son histoire, celle d'un fils d'immigrés qui a su utiliser l'ascenseur social qui l'a catapulté de manière spectaculaire d'un modeste appartement de cité ouvrière à l'hôtel particulier d'un milliardaire russe grâce à un mérite professionnel particulièrement offensif l'ayant mené au rang de numéro deux d'une tentaculaire multinationale.
Mais plus graves seront les dommages psychiques et plus dure sera la chute à la suite d'un licenciement brutal considéré comme incompréhensible et injustifié qui l'entraîne dans une vertigineuse et délétère spirale autodestructrice en résonance avec les diktats du capitalisme libéral et les dérives sociétales contemporaines qui laminent l'individu.
Dans un décor de bandes de bitume, sous les lumières crépusculaires d'Emmanuel Wetischek et Fred Bremond avec une création sonore de Fred Parker et de judicieuses projections vidéos onirico-psychédéliques, en adresse au public Serge Dupuy délivre une époustouflante prestation.
Mieux encore, une superbe performance à l'allure de mythologique danse sous les étoiles du néant et le regard des dieux impassibles qui navigue de la tragi-comédie au tragique pour porter un discours-confession complexe entre implacable lucidité, autodérision comique et extrême confusion.
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