Suite de notre participation à l’édition du siècle du Hellfest avec une seconde partie de 4 jours qui s’est déroulée dans une ambiance météorologique bien différente de la première semaine. Et oui, plus de jeunes femmes seins nues ou d'hommes se baladant en string borat. Place au K-Way, imperméable et parapluie. Cela n’a bien évidemment pas du tout affecté notre motivation car quelle que soit la météo, le Hellfest reste exceptionnel.
Petit rappel pour bien comprendre notre compte-rendu, le festival se décline en six scènes dédiées à différents courants musicaux. Ces scènes sont les suivantes :
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Mainstage 1 : têtes d’affiches,
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Mainstage 2 : groupes grands publics (heavy ou metal symphonique par exemple)
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Altar : trash, death, grind,
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Temple : black metal, viking metal,
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Valley : doom, stoner, sludge,
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Warzone : punk, hardcore.
Sur cette seconde partie, présence de plus de têtes d’affiche connues que la première avec Guns N’ Roses ou Metallica entraînant par la même un public plus touristique. Le public plus exigeant a toutefois pu se régaler sur les autres scènes avec une programmation toujours aussi pertinente.
Vendredi 24 juin 2022
Présence sur la Valley d’un groupe qui porte magnifiquement son nom, Stoner. Il faut reconnaître qu’il faut être particulièrement courageux de donner au nom de son groupe celui d’un courant musical majeur.
Or, Nick Oliveri (ex QOSTA) et Brant Björk (ex Kyuss) ont bien évidemment la légitimité pour le porter. En tout cas sur scène, ça donne un concert particulièrement réussi avec un son bien lourd parfois à la limite du psyché.
On attendait également beaucoup sur cette même scène, Human Impact, avec des membres de Swans ou d’Unsane, qui avait sorti en 2020 un premier album éponyme majeur. Or, il faut reconnaître qu’on est resté totalement hermétique à leur set qui ne dégageait rien en termes d’émotion.
Bien différent d’AA Williams aux chansons sombres et aux covers inspirées (Deftones par exemple) et qui a su communiquer une certaine sensualité dans une atmosphère bien dark. Alors oui sa musique est plus proche de Nick Cave que d’un groupe de metal mais sa programmation a une nouvelle fois confirmé l’ouverture d’esprit du public.
Cette "prise de risque", on l’a également ressentie sur la scène Temple avec Myrkur pour un set de folk scandinave bien loin du black metal.
Sur la Warzone, on a retrouvé les français de Pogo Car Crash Control. On avait été un peu décontenancé par leur dernier disque sorti cette année et moins pêchu. Il en a été tout autrement sur scène avec leur folle énergie communicative.
Ils ont démontré une nouvelle fois qu’ils étaient un des groupes majeurs de la scène rock / metal française actuelle.
A cet égard, autre groupe français impressionnant : Benighted sur Altar. Il s’agit de brutal death qui comme son nom le suggère pratique un son brutal et technique. Hyper efficace. Une très belle découverte de ce groupe qui existe pourtant depuis de très nombreuses années.
Une petite oreille sur les vieillissants Killing Joke, puis enchaînement sur les mainstages avec les allemands de Kreator dont le trash ne nous déçoit jamais, le metal industriel de Ministry avec le papy ex (?) toxico Al Jourgensen et Alice Cooper. Ce dernier a vraiment réussi à faire oublier la météo exécrable régnant à ce moment là : décor, musiciens (dont Nita Strauss qui a annoncé depuis son départ), setlist parfaite, scénographie incroyable (assassinat ou non d’un nourrisson, guillotine). Un vrai show !
Et on a terminé cette dernière journée par Nine Inch Nails, probablement l’artiste qu’on attendait le plus car jamais vu sur scène. La prestation était à la hauteur de nos attentes avec un set sous forme d’épilepsie sonore et visuelle laissant peu de répit aux spectateurs ravis. Le set s’est terminé par un "hurt" bouleversant.
Samedi 25 juin 2022
Deux groupes type metal symphonique étaient programmés sur cette journée avec Nightwish et Epica et des chanteuses aux grandes envolées lyriques. Pas du tout notre style. Au rayon impasse, signalons aussi Guns N' Roses pour un show raté à tous niveaux. Pas la peine d’en rajouter dès lors que les pépites se trouvaient ailleurs.
Et ça commence par Slift sur la Valley, un autre groupe largement soutenu dans nos colonnes et qui pratiquent un rock psychédélique.
On a vraiment été impressionné par leur maîtrise technique au jeu carré et puisant. Toujours dans la catégorie scène française, beaucoup de monde sur la Temple pour l’inclassable Igorr mélangeant notamment death metal, musique baroque, sonorités orientales, trip hop.
Sur la warzone, la générosité du post hardcore plaintif de Touche Amore a fait clairement son effet en maniant à la fois fureur et fragilité notamment au niveau du chant.
Vraiment à la hauteur de leur belle discographie.
On termine par la prestation la plus attendue de la journée : la rencontre du plus grand groupe de hardcore et de la princesse gothique ultime avec Converge associé à Stephen Brodsky (Cave in) et surtout Chelsea Wolfe pour jouer leur disque commun Bloodmoon.
L’attente était peut être trop forte car la prestation s’est avérée pour partie décevante.
Il manquait le souffle susceptible de nous transporter émotionnellement et en plus, la voix Chelsea Wolfe était en trop en retrait.
Dommage.
Dimanche 26 juin 2022
Que de monde, un site totalement blindé en raison de la présence de Metallica. Il fallait quitter la MainStage 1 pour aller respirer devant les autres scènes et ça tombait bien puisque de très bons groupes y étaient programmés pour cette dernière journée.
Sur la Warzone, on a retrouvé Terror, groupe californien dans la catégorie hardcore musclé et puissant, probablement un de nos préférés dans ce style. Côté pit, ça a bien poussé devant.
On est resté sous le soleil de Californie avec Lionheart qui sans révolutionner le style hardcore a donné un set ultra efficace.
Du côté de la Valley, la prestation du jour a incontestablement été la rencontre de Regarde les hommes tomber avec Hangman’s chair. Les nantais ont au final été les grands gagnants du metal français sur ces deux parties.
On était un peu septique sur cette collaboration exclusive ne voyant pas comment les deux styles allaient se mélanger. Les deux groupes ont donc joué tous ensemble des titres des deux groupes marquant l’alliance entre la lourdeur doom et le black metal pour donner un ensemble cohérent. Une véritable réussite que cette collaboration.
Sur la MainStage 1 aménagé spécialement pour Metallica, quel plaisir de voir nos caennais d’Headcharger, invités de dernière minute, qui a su partager leur hard rock et surtout leur enthousiasmer avec le public.
Décontenancé au départ par la vieillesse de Bobby Liebling, leader de Pentagram, au physique proche du père Fourrasse, on a été totalement ébloui par son hard rock / doom intemporel pratiqué depuis 50 ans.
On retrouve sur la Temole Mercyful Fate pour lequel, on a toujours eu du mal avec la voix stridente du chanteur King Diamond. Il faut reconnaître que musicalement, c’était tellement puissant que cela faisait passer la voix sans difficulté. En plus la scénographie a rendu le set fascinant. Une des prestations majeures de la journée au final.
Une oreille sur les Suédois de Sabaton. Le public semblait ravi par ce hard rock bourrin au style militaire, pas nous.
On a alors terminé par la tête d’affiche du festival pour leur première participation au Hellfest : Metallica. Ouverture par un petit AC/DC puis une scène du "bon la brute et le truand" et la musique de Morriccone avant une explosion sonore par un enchaînement "Whisplash", "Creeping death" et "Enter sadman". C’était un déroulé ininterrompu de hits. Le set et donc le festival se sont termines par "Master of puppets". Une édition exceptionnelle vraiment clôturée en toute beauté. |