Né à Abidjan, Gauz’ est un auteur, scénariste, réalisateur et photographe déjà auteur de trois romans que je ne connaissais pas publiés aux éditions Attila. Avec son nouvel ouvrage, intitulé Cocoaïans mais sous-titré Naissance d’une nation chocolat.
Avec cet ouvrage, Gauz’ entre dans le catalogue de la collection Des écrits pour la parole qui fête ses 5 ans. Dans cet ouvrage relativement court, un peu plus de 100 pages, il nous propose une fresque historique à travers le 20ème siècle et le début du 21ème, en y mêlant anticipation puisque celui-ci se déroule jusqu’en 2031, ce qui n’est finalement pas si loin de notre époque.
Cocoaïans raconte l’histoire politique du chocolat. On sait que le chocolat a toujours été un produit politique de domination politique. Au 17ème siècle, une boisson chocolatée bue par une bourgeoise dans son salon témoignait à la fois d’une réussite sociale et d’une domination coloniale, servi par le commerce de cette denrée.
De la fêve au produit transformé, la culture et le commerce du cacao traduisent les rapports de domination imposés par l’occident aux pays producteurs d’Afrique. De le forêt de Gbaka en 1908 jusqu’en 2031, en passant par Treichville de nos jours, la parole politique bondit, d’asservissement en libération, de liesse en compromission, d’espoir en désillusion.
Gauz' nous raconte donc le projet d’émancipation des Cocoaïans, les habitants du pays du cacao, pour fabriquer et vendre eux-mêmes leur chocolat, inscrivant le cacao dans un discours civilisationnel, un récit de conquête de liberté.
L’histoire de la Côte d’Ivoire, vu par le prisme du cacao, voilà donc ce que nous propose l’auteur. Avec ironie et humour, Gauz nous dévoile l’importance de cette culture et les conséquences du fait que cette production ne soit pas malheureusement pas transformée sur place.
L’ouvrage est aussi un appel aux Ivoiriens à prendre leur destin en main, à fabriquer et à vendre eux-mêmes leur chocolat pour sortir de leur dépendance aux occidentaux qui les maintiennent dans la pauvreté en les exploitant.
En lisant cet ouvrage, le lecteur aura un autre regard sur le chocolat qui prend un goût beaucoup plus amer du fait qu’il reste un symbole de domination pour les Ivoiriens. Il demeure encore impensable que de nos jours certains Ivoiriens ne puissent pas s’acheter une tablette de chocolat. |