Biopic théâtral écrit et mis en scène par Ivan Calbérac, avec Josiane Stoleru, Bernard Malaka, Thomas Gendronneau, Lison Pennec, Benoit Tachoires et Stéphane Roux. Toronto au Canada dans les années 30. Alors qu'on lui découvre à 3 ans un don pour la musique ainsi qu'une oreille absolue, le jeune Glenn apprend le piano auprès de sa mère et connaît une ascension fulgurante puisqu'il atteindra la consécration à New-York à l'âge de 22 ans.
Mais sa difficulté relationnelle (s'apparentant à de l'autisme Asperger), son hypocondrie et sa fragilité lui compliqueront la vie. Ne supportant plus les concerts qui deviendront vite pour lui de vrais calvaires, il arrêtera la scène à 32 ans et ne se consacrera plus qu'aux enregistrements studio.
Fasciné par l'oeuvre et la personnalité de Glenn Gould, Ivan Calbérac s'est documenté sur la vie du génial pianiste. Utilisant des anecdotes et des événements véritables, il a écrit un texte flamboyant sur la difficulté en tant qu'autiste, l'emprise d'une mère abusive et une réflexion sur la création artistique, déployant chacun de ces thèmes avec maestria.
Alors que se déroule chronologiquement sa vie, le public s'attache à Glenn qui, plus il connaît une gloire grandissante, plus il s'enferme dans son monde solitaire. Un enfermement créé en grande partie par une mère possessive et castratrice qui a vu en lui la possibilité de réaliser ses rêves avortés de carrière de concertiste.
La distribution est totalement parfaite. Chaque comédien prenant sa place avec complémentarité dans ce biopic qui couvre toute la vie du surdoué de la musique, dont le disque des "Variations Goldberg" de Bach restera la plus grosse vente de musique classique de tous les temps.
Josiane Stoleru et Bernard Malaka jouent avec énormément de finesse des parents aussi fermes qu'étouffants. Lui va peu à peu prendre conscience de la dureté avec laquelle ils ont élevé leur prodige et montrer sur la fin un autre visage.
Stéphane Roux et Benoît Tachoires sont formidables également. Le premier incarnant divers personnages (dont un présentateur canadien hilarant) avec toujours beaucoup de crédibilité. Le second, Walter Homburger, l'imprésario de Glenn, avec brio.
Enfin, Lison Pennec, très émouvante incarne Jessie, la cousine et admiratrice inconditionnelle de Glenn dont elle est secrètement amoureuse. Tous les deux dans des scènes sur le fil sont épatants dans la complexité des rapports adolescents.
Et c'est Thomas Gendronneau qui incarne le virtuose avec une impressionnante finesse pour exceller dans un rôle piège où brillamment dirigé par Ivan Calbérac, il fait passer toutes les émotions de ce personnage instinctif hautement atypique, sans une once de surjeu.
La scénographie de Juliette Azzopardi et Jean-Benoît Thibaud est à l'image de la mise en scène : sobre et élégante. L'intérieur en bois s'ouvrant sur l'extérieur avec une grande fenêtre centrale où apparaissent divers paysages symbolisant les lieux de l'action (beau travail vidéo de Nathalie Cabrol). Avec les costumes superbes de Bérangère Roland et les lumières splendides d'Alban Sauvé, l'ensemble est esthétiquement accompli.
Truffée d'humour, "Glenn, naissance d'un prodige" est un magnifique et bouleversant portrait d'un artiste exceptionnel mais aussi le drame d'un homme et sa difficulté à vivre. Un homme qui ne réussissait à trouver son bonheur que dans la musique. Magistral. |