Comédie dramatique historique écrite et mise en scène par Alain Péron, avec Ondine Savignac, Thomas Maurin, Aurélien Boyer et Mathilde Wislez.
Avec "Vous n'aurez pas la Bretagne !" ressortant au genre de la comédie dramatique historique en costumes, Alain Péron propose une immersion dans l'Histoire de la France du 15ème siècle. Plus précisément au moment où, à la mort du roi Louis XI, sa fille aînée Anne de France alors régente puis le nouveau roi Charles ViIII entreprennent l'annexion du résistant duché de Bretagne dirigé par Anne de Bretagne.
Et il s'est engagé non uniquement dans cette ambitieuse, et au demeurant réussie, entreprise de fresque au long cours avec les jeux et enjeux de pouvoir propices à la transposition théâtrale.
En effet, et sans faillir au long de l'opus, il mène de front plusieurs intrigues afférentes à la confrontation de la raison d'Etat et des ambitions personnelles au sein d'un microcosme intra-familial et les sujétions liées à la naissance d'autant plus drastiques en ce qui concerne la gent féminine soumise au mariage "arrangé" et considérée comme monnaie d'échange des alliances politiques et ventre destiné à assurer la pérennité de la lignée.
De plus, il a choisi de la déployer par un focus sur quatre figures historiques, et leur évolution au fil du temps, avec la confrontation des caractères et, au plan intime, celle des ambitions personnelles et des sentiments sur le thème de l'impact de l'Histoire avec majuscule sur le destin individuel.
A la mise en scène, confortée par la scénographie de Valérie Delva Famy consistant en des projections illustratives, Alain Péron opte pour un jeu incarné et une instensité dramatique dépourvue de réalisme affecté comme d'effets ampoulés. Il dirige efficacement un quatuor émérite auquel il offre une partition qui, outre son écriture remarquable, s'avère équilibrée en terme de composition, de répartition des rôles et de joutes oratoires à l'instar d'un théâtre de conversation à géométrie variable.
Ainsi Aurélien Boyer campe crédiblement le jeune roi qui rêvait d'être un Alexandre glorieux menant de nouvelles croisades ramené aux réalités contingentes du gouvernement face à son cousin et rival Louis d’Orléans pour lequel Thomas Maurin excelle à camper le comportement louvoyant.
Au coeur d'une rivalité en miroir, Ondine Savignac investit parfaitement la personne d'Anne de France dotée d'une clairvoyance politique digne d'une éminence grise et taraudée par un devoir incompatible avec son penchant amoureux comme Mathilde Wislez celle de l'indomptée et sensible Anne de Bretagne.
Un spectacle aussi réussi que passionnant. |