Seul en scène dramatique écrit et interprété par Laurène Marx dans une mise en scène de Fanny Sintès.
Avec "Pour un temps sois peu", l'autrice et comédienne Laurène Marx, qui se présente comme "une femme trans non binaire", traite du thème de la transsexualité.
Née à une époque où la dimension corporelle du transsexualisme n'est plus assurée par le simple travestissement mais par une procédure de transition constituée d'une combinaison d'actes regroupés sous l'acronyme THC (Transformation hormono-chirurgicale), elle relate son parcours personnel dans un opus protéiforme à la radicalité frontale.
En effet, il repose sur l'autofiction, avec le témoignage et le questionnement inhérents à un parcours individuel et donc unique, celui d'"une histoire de femme trans écrite par une femme trans".
Et ce, résumé par l'antienne "C'est ma vie", avec la succession de choix assumés nonobstant les illusions perdues, notamment relatives au concept de féminité, concourant à l’auto-nomination et la ré-appropriation du soi intime et de son ressenti en dehors des déterminismes biologiques et des assignations sociétales.
Mais il dresse également un état des lieux de la vie précaire, entre agressions et prostitution, et du souvent bref destin des femmes transgenres appartenant au commun des mortels et non à des élites protégées et aux conséquences de l'inscription dans une autre catégorie de genre qui elle-aussi entre dans le cadre de rapports de pouvoir.
Et en sus, ainsi qu'indiqué dans la note d'intention, un manifeste réflexif élaboré "dans un souci d’accessibilité et de pédagogie".
Pour la transposition théâtrale de la partition échevelée et logorrhéique qui emploie le tutoiement et souvent le mode de l'impératif présent, Laurène Marx et la metteuse en scène Fanny Sintès ont opté pour "la forme d’un stand up triste" délivré au micro sur un plateau nu et noir et sous un simple halo de lumière.
En adresse au public et sans filtre, Laurène Marx se confie, interpelle, explique, vitupère et, sans doute parfois dérange, avec des convictions et un engagement sans faille qu'elle porte jusqu'au bout d'un chemin de revendication identitaire et de quête de reconnaissance et d'amour non exempt de déconvenues. |