Il vit maintenant en Italie. Il chante l'Italie. Il cite l'Italie. Il a même travaillé avec Ennio Morricone et s'est fait produire par un certain Toni Visconti (producteur légendaire de T Rex à Bowie pour ne citer que les plus anciens). Beaucoup de Sud donc dans ce nouveau disque du plus anglais de nos idoles.
Morrissey revient donc à nouveau avec un album, à peine 2 ans après You are the Quarry qui avait signé un retour fracassant suite à une trop longue absence.
Ringleader of the tormentors a donc été composé à Rome, nouvelle terre d'asile de Morrissey, et sent bon le Sud d'ailleurs, à plus d'un titre.
Bien sûr tout d'abord parce que Morrissey a fait appel à quelques gloires locales bien connues, comme Ennio Morricone sur "Dead god please help me". On trouve aussi sur ce disque quelques cuivres et cordes qui sans rendre l'album fleur bleue, l'allège quand même agréablement de son côté rockabilly devenu de plus en plus insupportable au fil du temps.
Ici les guitares portent les mélodies sans les plomber même si elles reviennent encore en force çà et là elle sont canalisées par une productions impeccables dont l'exemple parfait est "I just want to see the boy happy".
Moins lourd et moins pessimiste aussi car après nous avoir baladé dans de bien sombres tunnels, il semble aujourd'hui que Morrissey se sente pousser des ailes.
Est-ce que cela est dû au soleil italien ou à une maturité et une prise de confiance en soit, nul ne le sait mais le Moz se lâche enfin, libère ses démons, se confie à mots à peine cachés dans une sincérité sans artifices que l'on ne lui connaissait guère.
Ce qui n'a pas changé chez lui, c'est sa voix bien évidemment, toujours aussi belle (ou agaçante selon le point de vue) même s'il en joue parfois un peu trop comme sur ce "You have killed me" un peu grandiloquent.
De voix il est aussi question sur "The younguest was the most loved" sur lequel on trouve des chœurs dignes des Petits Chanteurs à la croix de bois. Amusant mais le morceau manque de puissance sur la longueur. Plus discrets et plus agréablement utilisés, on retrouve les charmants bambins sur "The father who must be killed".
Malgré l'optimisme ambiant, on retrouve le côté mélancolique de Morrissey sur un très doux et très beau "I'll never be anybody's hero now" sur lequel la voix s'en donne à cœur joie et rappelle la belle époque des Smiths … ou presque.
"At last I am born" clôt de fort belle façon Ringleader of the tormentors. Un nouveau Morrissey est donc enfin né. Celui qui s'assume et s'ouvre au monde (sans jeu de mots).
Espérons seulement que cette révélation ne soit pas suivie d'un tarissement de sa source d'inspiration. Que deviendrions nous si tout allait bien pour Morrissey ?? |