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puce Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême #50 (édition 2023) - Eric Dérian
Interview  (Angoulême)  26 au 29 janvier 2023

A l’occasion du 50ème festival d’Angoulême, je me suis entretenue avec Éric Dérian, touche-à-tout de la bande dessinée également connu sous le pseudonyme de Turalo, qui exerce depuis octobre 2020 les fonctions de responsable éditorial des éditions Philéas, une maison d'édition de bandes dessinées spécialisée dans l'adaptation de littérature contemporaine.

La direction du catalogue est partagée entre les groupes Jungle! et Editis, l’un adaptant en BD les bestsellers de l’autre.

Concrètement, quel est le travail d’un responsable éditorial ?

Éric Dérian : C'est tout ce qui se trouve entre la décision éditoriale (qui reste à la direction) et l'existence physique du livre (là, c'est le commercial qui prend la relève). Donc j'assure le suivi éditorial des projets, j'accompagne leurs auteurices, j'anticipe le format et le design du livre… Un "maître d'ouvrage" en quelque sorte.

Qu'est-ce qui a présidé à la naissance d'une maison spécialisée dans l'adaptation de littérature contemporaine ? C'est un créneau porteur ?

Éric Dérian : Je ne suis pas dans le secret des Dieux… Mais l'adaptation en BD, si elle existe depuis la création du média, a le vent en poupe depuis quelques années… On se souvient par exemple du succès de Nymphéas noirs, l'adaptation de Michel Bussi dans la collection Aire Libre en 2019.

Le succès financier revient ici à Dupuis, quand l'éditeur du roman ne perçoit qu'une portion congrue des bénéfices via la cession de droit d'adaptation. Il est logique qu'un groupe éditorial, propriétaire des droits premiers, se positionne en tant qu'éditeur et propose lui-même des livres tirés des récits originaux.

Cela a été la démarche d'Editis, dans son association avec Jungle, mais Albin Michel a fait la même chose au même moment, et depuis plusieurs éditeurs de littérature ont rejoint le mouvement.

Quels auteurs adaptez-vous ?

Éric Dérian : Il y a plusieurs lignes, bien sûr on travaille avec les "grands noms" du thriller ou du polar : Thilliez, Bussi, Minier, Levy ou Beuglet… Mais on développe aussi une collection patrimoniale SF où nous avons déjà travaillé les textes de Barjavel, Huxley et Bradbury.

Quelles sont les clés d’une bonne adaptation ?

Éric Dérian : Il n’y a pas de secret ! La recette est différente à chaque nouveau projet… J'aime à croire qu'avant d'être une "bonne adaptation", il faut avant tout faire un bonne BD et se poser les bonnes questions dès la genèse, le bon équilibre entre fidélité et trahison… Il faut au minimum un éditeur investi, des auteurices impliquées et "au bon endroit"… et réussir le rendez-vous avec les lecteurices. Sans pour autant déplaire à l'ayant droit. C'est un exercice d'équilibriste !

À partir du moment où un même projet doit réunir les espoirs de différentes parties, il faut aussi souvent s'accorder sur les meilleurs consensus. Il y a les ayants droit qui attendent une adaptation littérale et refusent toute intervention de l'adaptateur sur le fil du récit, et dans ce cas le respect de sa volonté est inconditionnel, et il y en a d'autres qui au contraire acceptent de se déposséder de leur récit au profit de la nouvelle personne qui le prend en main.

C'est à chaque fois tenter de trouver la recette de la potion magique en tâtonnant avec une liste d'ingrédients limités… Du coup, le goût, le temps d'efficacité, la force dépendent beaucoup des capacités réunies autour d'un même projet. Parfois ça accroche au fond… Mais parfois ça fait des étincelles ! On développe actuellement un album autour d'un livre de Gaëlle Nohant, une biographie romancée de Desnos. Je suis allé chercher Charles Berberian, persuadé qu'il s'agit de la bonne personne, qui me dit : "Ça va pas le faire, la vie de Desnos je m'en fous : il n'y a que cette partie-là qui m'intéresse…". Je m'en confie à Gaëlle qui me dit : "Si c'est Berberian, il fait ce qu'il veut de mon livre." Ça reste une adaptation, mais ce sera aussi une nouvelle bande dessinée… Du coup, on prépare un très beau livre pour 2025 ! Bien sûr, tous les ayant droits n'ont pas cette nature, ni une culture BD qui leur permette de se projeter dans l'approche d'un auteur-tiers.

Est-ce qu'il y a des auteurs de BD qui viennent vous voir avec des envies d'adaptations ?

Éric Dérian : Je reste bien entendu à l'écoute d'envies d'auteurs, mais peu d'approches aboutissent, là encore pour des raisons de consensus nécessaires : les auteurs accordent naturellement leur intérêt à un récit, une histoire qui leur parlent individuellement. Une direction éditoriale, elle, s'intéressent à la portée commerciale d'un titre ou d'un nom en vue de l'exploitation d'un livre, un produit culturel susceptible de trouver bon écho auprès du plus grand nombre. Et quand par miracle l'équilibre est trouvé entre ces deux parties, il faut encore trouver un accord avec les ayants droit… et là, ce n'est jamais gagné d'avance.

D'un point de vue graphique, est-ce qu'il y a un "style Phileas" ?

Éric Dérian : L'unité graphique n'est pas une priorité, mais le catalogue s'installe petit à petit dans une ligne réaliste classique… Le polar / thriller et la SF, qui sont nos deux directions principales, semblent imposer d'eux-mêmes leurs canons.

Le catalogue intègre aussi des créations originales ?

Éric Dérian : Ça fait aussi partie de la mission d'édition : accoler aux adaptations des récits originaux dans une ligne éditoriale cohérente. C'est aussi l'occasion de proposer à de grands auteurs de romans de développer des récits originaux, comme nous avons pu le faire avec Marc Levy et son Agence des Invisibles, en co-écriture avec Sylvain Runberg. Sylvain adapte aussi Franck Thilliez pour nous, donc quand il nous a proposé le synopsis de La Source, qui ne se rattache à aucun univers littéraire pré-existant, il nous a semblé naturel de le suivre. Mais la production de création reste vraiment à la marge de notre activité.

Que présentez-vous à l'occasion de ce 50e FIBD ?

Éric Dérian : La nouveauté de cette rentrée, c'est la réédition de Fahrenheit 451 par Tim Hamilton, dans sa version préfacée et supervisée par Ray Bradbury. Le format a été révisé, le texte profite d'une nouvelle traduction de Michel Pagel, auteur français de roman d'anticipations et SF.

Nous remettrons en lumière nos hits de l'année avec présence de leurs auteurs, Glacé avec Mig et Seul le silence avec Richard Guérineau. Richard sera aussi heureux d'y signer les exemplaires du Crime parfait, un album collectif polar sorti en fin d'année dans lequel il a dessiné un récit de 8 pages, aux côtés de Rabaté, Chabouté, De Metter…

C'est aussi l'occasion de rencontrer les associations de libraires pour leur présenter notre programme et nos enjeux 2023, et bien entendu les éditeurs étrangers pour tenter de négocier des éditions dans d'autres pays…

 

En savoir plus :
Le site officiel du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême
Le Facebook du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême

Crédits photos : Guillaume Pilla


Anaïs Bon         
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