Mise en scène et chorégraphie du Collectif AOC et de Rebecca Murgi, musique de Bertrand Landhauser et Olivier Teneur, avec Marlène Rubinelli-Giordano, Mathieu Prawerman, Gaétan Levêque, Marc Pareti, Sylvain Decure, Cyrille Musy, Nedjma Benchaib, Chloé Duvauchel et Olivier Teneur.
Je n'aurais qu'un seul regret à propos de ce spectacle : ne pas y être aller plus tôt ! C'est un peu au dernier moment, voyant la fin approcher, que je me suis finalement décidé. Résultat : quand vous lirez ces lignes, le Collectif AOC aura refait ses valises et quitté le parc de la Villette de Paris. Les lecteurs parisiens de Froggy's n'auront plus que leurs yeux pour pleurer (ce qui est déjà pas si mal, parce qu'essayez de pleurer sans vos yeux…ça n'est pas évident). Bref…
Après un sprint dans le parc de la Villette (19h30 c'est tôt pour un spectacle), je pénètre finalement sous le chapiteau. Une scène circulaire centrale trône fièrement, entourée de plusieurs rangées de gradins. La vision sera donc bonne, et nos yeux sont sûrs d'être mis à contribution.
Les lumières s'éteignent enfin. Un homme sort d'une trappe donnant sur la scène, et commence à s'agiter en se jetant (au sens premier du terme) dans tous les sens. Il court puis s'abat sur le sol. Au bout de quelques minutes, on commence à avoir mal pour lui. Il est rejoint par un deuxième comédien, avec lequel il entame une espèce de danse bizarre, délirante et burlesque. C'est alors parti pour 1h30 de bonheur en barre.
Après ces premières minutes intrigantes, on comprend tranquillement le type de spectacle auquel on va assister. Danse, acrobaties, cirque, musique… tous ces ingrédients sont réunis autour du même dénominateur commun : le mouvement.
Tout ici est question de mouvement, de gestuelle minutieusement étudiée, au point de former une mécanique parfaitement huilée, où chaque chose est à sa place. Les danseurs (chacun avec une spécialité particulière et un déguisement différent) vont et viennent, au gré de trappes donnant accès directement à la scène, sorte de bouches d'égouts rurales. Ils sortent et entrent, toujours en mouvement, créant une dynamique forte, une sorte de fourmillement et d'ébullition incessante et particulièrement captivante. Si un reproche était à adresser au spectacle, ce serait d'ailleurs celui là : multiplier les actions et les personnages, à tel point que par moment, le spectateur se perd, ne sachant plus qui et où regarder.
Les comédiens se livrent à des danses contemporaines rappelant parfois les danses hip-hop, mettent en scène un côté comique, au travers de sorte de dialogues muets.
Un musicien accompagne le tout, avec toutes sortes d'instruments décalés, comme par exemple une espèce de minuscule cabine où percussions et cymbales pleuvent, ou un kit de batterie vraiment original. Une musique qui rythme parfaitement les facéties des comédiens danseurs et qui remplace avantageusement le brouhaha désagréable de la bande son du début du spectacle.
Outre les danses, véritable noyau dur du spectacle, le Collectif AOC nous offre des acrobaties aériennes sur trapèze, un impressionnant numéro de jonglage collectif, une séance de trampoline délirante, avec toujours en toile de fond, ces relations feintes entre danseurs.
Mais j'évite de trop m'épancher sur le contenu du spectacle, le but étant plus de vous donner envie que de vous en livrer les moindres détails. Courez simplement voir "Question de directions" quand il passera près de chez vous, vous retrouverez vos yeux d'enfants pendant 1h30.
Un spectacle où la troupe expérimente le geste chorégraphique pour modeler le corps comme traduction mécanique et désirante de l'esprit, qui rencontre un joli succès. |