Comédie théâtro-musical de Pierre Notte, mise en scène de Christabel Desbordes, avec Guillemette Beaury, Blanche Rérolle, Agnès Rouquette et Valentine Roy.
"Moi aussi je suis Catherine Deneuve" qualifié par son auteur de "pièce méchante, grinçante, qui joue des désastres intimes" constitue une comédie dramatique inscrite dans le genre du "kitchen-sink-drama" pratiqués par les auteurs insulaires des années 60 qui saisissaient la réalité sociale de la "small time England".
En l'occurrence dans le genre "Famille je vous haime", Pierre Notte décline les thématiques des névroses familiales, de l'incommunicabilité et, non du manque d'amour mais de la difficulté de sa démonstration, en huis-clos domestique dans lequel se débat, entre frustrations et angoisses, une famille borderline.
Et qu'il transcrit dans le registre de la tragi-comédie burlesque aux dialogues féroces dans laquelle il transcende le pathétique par la forme du cabaret musical avec de délicieuses chansons de son crû.
Pour évacuer le malaise existentiel et la détresse psychologique tout en évitant la décompensation psychotique dans une étouffante cellule familiale suite à la disparition-absence du père, si le fils a pris la fuite, le gynécée composé la mère, archétype de l'anti-mère, et de deux filles, l'une adepte de la scarification et l'autre de l'identification avec l'actrice Catherine Deneuve tourne à vide entre frustrations et angoisse dans une permanente confrontation.
La mise en scène de Christabel Desbordes, qui signe également la scénographie constituée de trois mini-espaces ordonnés autour d'une cuisine vintage, s'avère en adéquation tant avec le fond et la forme de la partition percutante et de l'écriture syncrétique de Pierre Notte qui balance toujours entre comédie à l'humour caustique et émotion sensible.
Elle dirige un talentueux quatuor de comédiennes et "vraies" chanteuses formées au chant qui, en sus d'un efficace jeu théâtral, dispensent les couplets de manière émérite en solo, en duo ou en choeur et accompagnées au piano par Agnès Rouquette qui campe le fils.
En charge du rôle de l'introvertie scarifiée qui s'épanouit en chanteuse de music-hall, la superbe voix de Guillemette Beaury fait merveille, Valentine Roy excelle dans le rôle de la mère au ressassement victimaire qui passe de l'abattement à la radicale révolte libératoire et, dans le rôle-titre, Blanche Rérolle dispense une époustouflante composition de l'actrice-star.
Une très belle réussite. |