Seul en scène burlesque écrit et interprété par Lucie Trémolières dans une mise en scène d'Hippolyte Broud.

Modeste et anonyme employée dans un organisme institutionnel de formation, Patricia Lelouébec a en charge l'accueil et de la gestion administrative des participants.

En l'occurrence d'un stage intitulé "Sauver le monde" consacré aux dix grandes peurs du 21ème siècle que le spectateur présume in limine comme farfelu, car se déployant sur dix ans à raison d'un atelier par an, d'autant que la défaillance récurrente des intervenants amène la dame a les remplacer ce qui va remettre en question tant son rôle assigné que, peut-être, sa vie personnelle.

Bien évidemment, l'officiante impromptue est totalement incompétente tant en matière de communication que de savoir scientifique tel le commun des mortels pour lequel les défis du futur ne figurent pas au rang de ses préoccupations majeures et immédiates. Ce qui aboutit à des sessions saugrenues qui seraient uniquement jubilatoires n'était la personnalité de celle-ci..

En effet, elle ressort à la catégorie des personnes au tempérament introverti avec un manque de confiance et d'estime de soi et dont la psyché est celle des coeurs simples face auxquels l'attitude des tiers navigue entre moquerie et commisération.

Et également celle du clown, non celui traditionnel de la fête foraine mais le clown tragi-comique inscrit dans la pratique contemporaine de l'art du clown avec un nouveau clown dont la pensée, au demeurant souvent subversive et toujours réflexive, est irriguée d'incompréhensions sur des sujets élémentaires et traversée de fulgurances quasi métaphysiques.

A juste titre l'auteure qualifie ce solo de partition clownesque dramatique, imprimant la la mise en scène d'Hippolyte Broud, qui, par ailleurs, est interactive non seulement parce que dispensée en adresse au public car celui-ci investi du rôle de témoin, de confident et stagiaire participe au jeu.

Toujours sur le fil du rasoir, Lucie Trémolières réussit son entreprise et selon le concept du comédien pédagogue Jacques Lecoq sur la "recherche de son propre clown" a sans doute trouvé sa clown.