Jamais contraste musical n'aura été aussi saisissant, mais surtout, jamais opposition si radicale de style n'aura été si complémentaire.
Imaginez l'improbable rencontre entre l'une des voix les plus graves du rock contemporain, et un timbre vocale léger comme l'air, flottant délicatement comme un nuage au dessus de ce monde de brutes.
Imaginez donc Mark Lanegan, l'ex voix des Screaming Trees (et accessoirement celle des Queens Of The Stone Ages), et Isobel Campbell, ex-Belle & Sebastian, réunis sur un même album pour 12 ballades langoureuses et hypnotiques. C'est un peu le jour et la nuit, la belle qui rencontre la bête.
Dès les premières notes de Ballad of the broken seas, Mark Lanegan pose son timbre guttural (Tom Waits n'est jamais très loin) sur des accords country rock, avant d'être rejoint par les chœurs célestes d'Isobel Campbell. Le potage commence alors à prendre tranquillement.
L'alchimie fonctionne à merveille. La rudesse de cette voix de centaure (grave au possible mais terriblement belle et envoûtante), apaisée par le charme sensuel d'Isobel. La puissance prend sous son aile la douce mélancolie, l'accompagnant sur la dure route de la vie.
Les timides, mais fort jolis, instrumentations qui composent ces 12 titres, ne sont qu'un prétexte à la superposition de ces deux voix si particulières, ayant chacun bercé une génération. Guitare, piano, violons s'entrelacent timidement, formant un cocon sonore, dans lequel les voix se lovent, inspirant un étrange sentiment de flottement et d'apaisement.
Que ce soit "Deus ibi es", "Black moutain", "Do you wanna", "Come walk with me", "Honey child what can I do", que l'on passe de la country à la pop, ou au folk, chaque morceau est empli d'une émotion différente, et procure un sentiment particulier.
Un duo que l'on n' aurait osé imaginer, qui réussit à merveille à nous prendre à la gorge, relevant un défi de taille : écrire de vraies belles chansons intemporelles (car ne suivant aucun code établi), pas pompeuses pour deux sous, sans jamais trop en faire. Chapeau ! |