"Âme humaine, arrachée aux yeux que tu pleuras,
De ton hum anité captive torturée,
Crois en la liberté ! tu seras délivrée ;
Crois en la Vie ! et, dans ta Norme, tu vivras." Andromède, Augusta Holmès

David Reiland et l’Orchestre national de Metz Grand Est ont non seulement l’excellente idée d’enregistrer dans ce disque des œuvres rares de compositrices trop peu jouées mais en plus de le faire avec beaucoup de maestria et de subtilité. Le fil rouge de ce disque sera donc le poème symphonique qu’il soit d’Augusta Holmès (Andromède), Lili Boulanger (D’un matin de printemps, D’un soir triste), de Mel Bonnis (Femmes de légende) ou Betsy Jolas (A little summer suite, en premier enregistrement mondial).

Une densité thématique, une puissance d’évocation multiple : flamboyante chez Holmes, transfigurative chez Boulanger, tranchante et rêveuse chez Jolas ou plus cristalline chez Bonnis, rendue avec beaucoup de virtuosité, un sens des différents plans, des nuances, des textures, des dynamiques et des timbres.

Augusta Holmès, égérie de Villiers de L’Isle-Adam, de Camille Saint-Saëns ou d’Henri Régnault, de Catulle Mendes, célèbre la liberté dans une œuvre rutilante aux influences parfois wagnériennes.

D’un matin de printemps et D’un soir triste les deux œuvres de Lili Boulanger entretiennent des liens étroits (mélodiques et harmoniques) et se répondent avec d’un côté le sombre et de l’autre l’optimiste, le dansant presque.

Du moelleux, du soyeux (et des impressions de Franck, Fauré, Dukas et Koechlin) chez Mel Bonnis dans ce Femmes de légende, d’abord portraits de femmes : Phœbé, Viviane, Salomé, Ophélie, Cléopâtre, Omphale, Desdémona, Mélisande pour piano à deux ou quatre mains puis édité sous forme de cycle par sa descendante Christine Eliot dans les années 2000.

Crée en 2016 par l’Orchestre Philharmonique de Berlin sous la direction de Simon Rattle, A little summer suite de Betsy Jolas est une déambulation pleine de contrastes inspirée des Tableaux d’une exposition de Moussorgski.

Sous la baguette de David Reiland, l’Orchestre national de Metz se montre capable de poésie, de nervosité, de rugosité et de finesse, toutes ces choses qui rendent justice à ces œuvres et à ces compositrices. Superbe.