Comédie dramatique d'Anna Bouguereau,
mise en scène de Jean-Baptiste Tur, avec Anna Bouguereau et Jean-Baptiste Tur.
Nombre d'auspices planent sur "Le Boxeur invisible" d'Anna Bouguereau qui décline les thèmes du couple dans une configuration de danse de mort strinbergienne et du grand amour qui explose en plein vol.
Notamment ceux des histoires d'amour qui finissent mal en général des Rita Mitsouko et des sentences d'une des élégies du recueil "Les amours d'Ovide" : "Ainsi, je ne puis vivre ni sans toi ni avec toi, et je ne sais moi-même ce que je désire" et "Déployons plutôt les voiles, et laissons-nous emporter au souffle des vents, car, malgré mes efforts, je ne me verrais pas moins forcé d’aimer".
La partition ne se déploie pas en huis-clos linéaire mais, hybridant soliloques et scènes dialoguées, en mode "short cut" focalisées sur les séquences de tensions dans une démarche de conflictualisation pour relater une histoire d'amour née entre deux enfants solitaires car différents des autres et dissemblables : elle violente par manque de confiance, lui effacé car introverti.
Tous deux, en tenue de mariage promesse de bonheur, croient en l'indéfectible éblouissement de l'amour mais le passage du temps et les uppercuts du boxeur invisible qu'est la quotiennedeté de la vie ordinaire auront raison de l'idéalisation de leur projet de conjugalité.
L'opus ressortant à la tragédie avec son commencement, dans lequel le diktat de la preuve d'amour imposée se substitue à la légèreté du badinage amoureux, qui annonce son dénouement se déroule dans un espace dinatoire impersonnel scénographié par Lucie Gautrain.
Il est superbement dispensé par le jeu sensible et incarné d'Anna Bouguereau et Jean-Baptiste Tur qui portent magistralement cette implacable et cruelle dissection sur le vif du coeur et de l'âme. |