Monologue dramatique d'après la nouvelle péonyme d'Honoré de Balzac adapté et interprété par Catherine Aymerie dans une mise en scène de Michel Favart.
Il doit encore exister quelques spectateurs qui n'ont jamais entendu parler de la nouvelle de Balzac, "Le Chef d'œuvre inconnu", qui n'ont pas, par conséquent, vu "La belle Noiseuse", le film de Jacques Rivette tiré de la nouvelle avec Emmanuelle Béart.
On les laissera donc entendre jusqu'au bout l'adaptation de Catherine Aymerie pour, vraiment à la presque toute fin, être saisi par un dénouement aussi radical que fatal.
Pour les autres, ils apprécieront en connaissance de cause ces soixante-quinze minutes hors du temps, où ils seront immergés dans les mots et les idées de Balzac et où ils redécouvriront le charme et la cruauté de l'auteur tourangeau. Ici ils les prendra par la main, grâce à la voix chaude, précise, toujours joyeuse de la narratrice, pour les emmener au plus profond de la création artistique.
Trois peintres en seront les héros. Trois peintres de générations différentes aux prises aux affres de l'inspiration, et à l'espoir fou de laisser un ultime chef d'œuvre qui serait "parfait"... Que fait le vieux maître Frenhofer dans son atelier où il interdit toute visite ? Que vont y trouver les deux peintres totalement fascinés par ce mystère qu'ils brûlent de résoudre ?
Porbus (ou Pourbus dans la réalité historique) est un grand peintre installé en France pour faire des portraits de Henri IV et de la reine Marie de Médicis, mais qui a perdu sa place privilégiée à la cour quand a surgi Rubens... Il est accompagné d'un jeune artiste, pas encore célèbre en 1618, mais dont le nom rayonne encore aujourd'hui : Nicolas Poussin.
Concentrés sur le cœur du récit de Balzac, Catherine Aymerie et son metteur en scène, Michel Favart, ont choisi de jouer à fond le minimalisme. La scénographie de Florence Evrard se refuse donc à toute référence à ce qui caractérise un atelier de peintre. Pas de tableaux ni de chevalets, simplement un fauteuil, un guéridon, un verre et un bougeoir.
Pareillement, les lumières de Kostas Asmanis seront chargées d'exprimer les passages d'un atelier ou d'un lieu de Paris à un autre, pendant que sera toujours mis en avant le visage expressif de celle qui raconte et tient la clé de cette histoire. Quant à la musique de Massimo Trasente, elle surligne les questionnements et maintient jusqu'au bout un quasi suspense.
La subtilité du jeu de Catherine Aymerie sert à merveille son propos : la nouvelle de Balzac est bien un chef d'œuvre qui mérite d'être connu de tous et le théâtre un support idéal pour le faire savoir. |