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Théâtre des Abbesses  (Paris)  avril 2023

Comédie de Molière, mise en scène de Jérôme Deschamps, avec Flore Babled (ou Bénédicte Choisnet, Lorella Cravotta, Vincent Debost, Jérôme Deschamps, Fred Epaud, Hervé Lassïnce, Louise Legndre, Yves Robin, Stanislas Roquette et Geert Van Herwilnene (ou Bastien Chevrot).

Nombreux sont les metteurs en scène qui veulent "relire" les classiques, donner à voir au public leur version personnelle, faire en sorte qu'elle sorte du lot et reste dans les mémoires le plus longtemps possible.

Telle n'est pas l'ambition de Jérôme Deschamps en adaptant "L'Avare", sans doute une des pièces les plus connues de Molière avec "Le Bourgeois gentilhomme" et "Les Fourberies de Scapin".

Il s'est donné pour tâche de privilégier la clarté, d'avoir des comédiens qui prononcent correctement leurs répliques et des personnages qui agissent de manière cohérente tout au long de la représentation. Ce n'est qu'à la fin qu'on pourra "juger" de sa conduite.

Harpagon (Jérôme Deschamps) sera donc un homme riche dont la vie, et celle de ses proches, sera perturbée par son avarice. L'histoire est d'une grande simplicité et sa résolution, finalement, ne nécessitera pas un stratagème d'une grande complexité car s'il veut épouser la jeune Mariane (Louise Legendre) au détriment de son fils Cléante (Stanislas Roquette), il n'y voit qu'une source de gains supplémentaires.

Pareillement, quand il apprendra que sa fille Elise (Flore Babled en alternance avec Bénédicte Choisnet) veut épouser son intendant Valère (Geert Van Herwilnene ou Bastien Chevrot), il s'y opposera non parce qu'il craint une mésalliance, mais parce qu'il n'y gagnera rien.

C'est l'argent qui dicte sa conduite. Ce n'est pas un méchant homme, et on pourrait même considérer qu'il agit rationnellement : qu'on trouve une solution qui accroisse sa fortune et il n'entravera plus les desseins de ses enfants. Ceux-ci, comme l'entourage d'Harpagon, sont surtout victimes d'une loi qui donne au père comme au maître un pouvoir absolu sur sa famille et sa domesticité.

Même s'il traite mal Frosine (Lorella Cravotta), Maître Jacques (Vincent Debost) ou La Flèche (Hervé Lassïnce), ceux-ci ont plus intérêt à rester qu'à partir, sans doute parce qu'ils savent contourner son avarice ou paradoxalement en tirer quelque profit. Il faut vraiment que leur maître abuse et bastonne, par exemple, Maître Jacques pour que celui-ci cherche à se venger.

Jérôme Deschamps est un Harpagon plus patelin et ridicule que vraiment méchant. Il ne force pas le trait dans la fameuse scène de la cassette et s'il demande un commissaire (Yves Robin) pour interroger tout son monde (voire tout Paris) afin de retrouver ses fonds, c'est parce que la loi est de son côté.

Quand la pièce s'achève par un "coup de théâtre" provoqué par Anselme (Fred Epaud) et que tout le monde y trouve son compte, Harpagon est peut-être seul, mais sa solitude n'est pas la résultante de son avarice, mais d'un choix qu'il assume.

Pour Deschamps, il n'est pas question de punition. Aimer l'argent, l'accumuler n'est-ce pas ce qui motive les milliardaires d'aujourd'hui... Quelqu'un se risquerait-il à les décrire comme des "avares", alors que leur cupidité financière fait plus de mal que celle d'Harpagon ?

C'est sans doute ça la modernité de la version de Jérôme Deschamps. Harpagon, vu du 20ème siècle, est un ultra libéral qui agit en agent économique rationnel.

On soulignera la sobriété du jeu de Jérôme Deschamps, la qualité de sa distribution, avec un maître Jacques hilarant et la beauté du décor unique de Félix Deschamps Mak. Celui-ci a disposé au centre de la scène une toile crayonnée.

Elle est encadrée de chaque côté par plusieurs rangées de rideaux, entre lesquels apparaissent et disparaissent les personnages tous, à l'exception de la tenue noire d'Harpagon, dans des costumes frais et colorés d'inspiration librement baroque conçus par Macha Makeïeff.

Les belles lumières de Bertrand Couderc assurent à l'ensemble un raffinement rare qui coupera court à ceux qui ne verront dans cet "Avare" soigné et très abordable qu'une réminiscence des "matinées classiques" d'antan.

Et puis, qualité suprême : on rit constamment.

 

Philippe Person         
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