Si, comme moi, vous ne connaissez pas grand-chose sur L’Amérique latine précolombienne, vous avez maintenant la possibilité de vous procurer la première synthèse en français sur ce sujet. Et de nouveau, ce sont les éditions Belin qui nous la proposent au travers de leur superbe collection Mondes Anciens qui vient grandir avec l’ouvrage de Carmen Bernand, une historienne et anthropologue, spécialiste de l’histoire de l’Amérique latine où elle a passé une partie de sa vie.
Comme pour les ouvrages précédents de la collection, on est de nouveau dans un ouvrage de synthèse, à la lecture plus exigeante qu’un ouvrage classique, encore plus ici pour moi car je ne connais pas grand-chose concernant le sujet.
Certes des noms de civilisations ne me sont pas inconnus, les Olmèques, les Mayas, les Aztèques et les Incas pour ne citer qu’eux mais cela reste encore très superficiel. Car leur histoire est longue, particulièrement complexe aussi.
Au cours de cette longue histoire, des temps archaïques où les premiers hommes s’y installèrent jusqu’à la découverte du continent par les Européens, les peuples d’Amérique latine ont formé des bandes de chasseurs-cueilleurs, sont devenus agriculteurs, se sont organisés en chefferies, ont bâti des cités puissantes, des empires, ont édifié une architecture monumentale sur une aire immense. Malgré des reliefs et des climats parfois hostiles, les civilisations citées plus haut virent le jour ainsi que des dizaines d’autres aux langues, croyances et organisations particulières.
Après une conséquente introduction, revenant sur la question des frontières et les découpages historiques mais aussi sur les milieux naturels et la difficulté d’établir une chronologie, l’ouvrage est construit autour de trois grandes parties avec en fin d’ouvrage, l’éternel et fascinant Atelier de l’histoire que l’on aime tant dans cette collection.
La première partie est consacrée au peuplement américain et adaptations. Elle s’intéresse aux chasseurs venus d’ailleurs, à la dispersion des paléo-indiens et aux différentes civilisations agraires, notamment au travers de la complexité de l’Amazonie.
La deuxième partie porte sur les hautes cultures de la Mésoamérique et du monde andin. On y découvre un chapitre très intéressant sur le pouvoir sacerdotal, un autre sur les cités-temples (notamment Teotihuacan que j’ai pu visiter lors d’un voyage). On y découvre plein de choses sur les Mayas, les lignes de Nazca mais aussi les Aztèques et les Incas, avec la conquête de la vallée de Cuzco (ville que j’aimerais beaucoup visiter).
La troisième partie concerne les peuples de l’or, les peuples des îles et les peuples des forêts face aux Européens, couvrant le 15ème et 16ème siècles.
L’ouvrage s’appuie sur une iconographie très riche, originale et des cartes inédites qui permettent d’éclairer les 30000 ans de l’histoire de l’Amérique latine qui sont ici retracés par l’auteure. Malgré des avancées scientifiques considérables, des pans entiers de cette histoire fascinante demeurent pour l’heure encore méconnus mais l’ouvrage de Carmen Bernand s’attache à les éclairer de la meilleure des façons. Le travail et l’ouvrage qu’elle nous propose sont remarquables. On prendre beaucoup de plaisir à se perdre dans son livre particulièrement ambitieux.
L’Amérique latine précolombienne est donc un livre que l’on va parcourir en de très nombreuses fois, que l’on déguste avec parcimonie tant il est dense. Et l’on continue au final d’être émerveillé par cette formidable collection que représente Les mondes anciens. Vivement le prochain ! |