Jeune bassoniste chypriote, Mavroudes Dakis Troullos a déjà gagné de nombreux prix d’interprétation : le second prix au North International Music Competition en Suède en 2018, et en 2019 l’Amsterdam Grand Prize Virtuoso International Music Competition, le 1er prix au Paris Grand Prize Virtuoso International Music Competition et le 1er prix au London Grand Prize Virtuoso International Music Competition.
Il a commencé sa carrière professionnelle à l'âge de 21 ans en tant que second basson solo à l'Opéra national de Grèce. Il a également joué avec le Camerata Armonia Atenea Orchestra, le Cyprus Symphony Orchestra, avec le Brussels Philharmonic, le Belgian National Orchestra, le Koninklijke Muziekkapel van de Gidsen et le Théâtre Royal de La Monnaie.
Il est professeur de basson et de musique de chambre à la Gemeentelijke Academie voor Muziek, Woord en Dans Sint-Pieters Woluwe Brussels depuis 2018. Il a enregistré dernièrement les 6 Sonates pour harpe et basson du compositeur italien Luigi Concone avec Rachel Talitman. Il se produira le 07 juin au Konzerthaus de Berlin avec la pianiste Lily Maisky. Nous en avons profité pour lui poser quelques questions.
Le basson n’est pas le plus "connu" des instruments, comment as-tu découvert cet instrument et comment as-tu décidé de devenir bassoniste professionnel ? Quel est ton parcours de musicien ?
Mavroudes Dakis Troullos : J'ai grandi dans un environnement où la musique classique était omniprésente. Soit par mon père, qui enseignait la théorie musicale et la composition, soit par ma mère qui enseignait le piano. Il ne fait donc aucun doute que j'ai été exposé à la musique classique dès mon plus jeune âge. Cependant, à l'adolescence, j'écoutais d’autres styles de musique, influencé par mes amis et mon environnement scolaire.
Après avoir commencé à jouer du piano avec ma mère vers l'âge de quatre ans, si je me souviens bien, à l'âge de 13 ans, mon père, en vue de me faire entrer dans la Fondation de l'Orchestre symphonique des jeunes de Chypre, a ramené à la maison un "jouet" appelé basson. C'est ainsi que j'ai commencé un nouvel instrument en tant que boursier de la Foundation of Cyprus Symphony Orchestra. Cela s'est très vite transformé en un coup de foudre. Je pense que ce qui m'a attiré au début, c'est qu'il s'agissait d'un instrument unique. Inhabituel au point d'être étrange. J'avais l'impression de m'identifier à lui, car je n'ai jamais été un enfant conventionnel. Bien sûr, j'ai été impressionné par sa sonorité profonde, pleine et par les variations de timbre. J'aime le basson parce qu'il me permet d'exprimer mes sentiments d'une manière unique.
Tu vas jouer au Konzerthaus de Berlin avec la pianiste Lily Maisky, comment avez vous choisi le répertoire : Les "sept chansons traditionnelles espagnoles" de De Falla, les "Danses populaires roumaines" de Bartok et la Sonate pour basson et piano de Saint-Saëns ?
Mavroudes Dakis Troullos : En tant que bassoniste, je me sens toujours un peu limité lorsqu'il s'agit du répertoire ou lors d'un récital pour basson et piano. Oui, il y a des répertoires français et baroques qui sont magnifiques. Comme j'aime particulièrement des compositeurs tels que Bartok et les Russes, Rachmaninov et Tchaïkowsky je me surprends souvent à arranger de la musique. Je me suis toujours demandé pourquoi des compositeurs comme Tchaïkowsky, Schubert ou Brahms n'ont pas écrit de sonate ou de la musique de chambre pour le basson, compte tenu de l'amour qu'ils portaient au basson dans leurs compositions symphoniques.
Pour le concert au Konzerthaus de Berlin, Lily et moi avons décidé de présenter une œuvre originale pour basson, mais aussi des arrangements que les gens peuvent apprécier. Nous commencerons le concert avec la Sonate pour basson et piano de Saint-Saëns. Ensuite la Suite espagnole des 7 chansons folkloriques de De Falla. Le concert se terminera par une œuvre avec laquelle j'ai grandi et que j'aime beaucoup jouer. Il s'agit des Danses populaires roumaines de Bartok. Ces deux dernières pièces sont assez difficiles à jouer car elles requièrent une maturité artistique mais aussi des compétences techniques car il s'agit d’une musique qui n'a pas été écrite à l'origine pour le basson.
Tu as enregistré dernièrement les 6 Sonates pour harpe et basson du compositeur italien Luigi Concone. Un bel enregistrement. Comment as-tu découvert la musique de ce compositeur et décidé de l’enregistrer ?
Mavroudes Dakis Troullos : Je suis très reconnaissant de travailler avec la légendaire harpiste Rachel Talitman. Rachel, infatigable artisane de la défense du répertoire pour harpe, cherche toujours à découvrir de nouvelles musiques. Lors d'un de ses voyages, elle a découvert ces six Sonates de Concone. Bien sûr, je ne pouvais pas être plus heureux de faire ce premier enregistrement avec elle. Je pense que c'est un grand enrichissement pour les harpistes, mais aussi pour les bassonistes.
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