"Lou si je meurs là-bas souvenir qu’on oublie
Souviens-t ’en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur
Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie
Ô mon unique amour et ma grande folie"
Si je mourais là-bas, Guillaume Apollinaire

Après Shakespeare (Shakespeare Songs) et Marlene Dietrich (Letters to Marlene), le pianiste Guillaume de Chassy et le batteur Christophe Marguet clôturent la trilogie avec ce superbe The Issue of love. Cette fois, ils s’associent avec Thomas Savy à la clarinette basse (exit donc le saxophoniste Andy Sheppard).

Le sujet ? Le plus simple et le plus complexe, le plus beau et le plus terrible : l’amour. Et pour porter les poèmes qui accompagnent la musique, les voix de Delphine Lanson et Lambert Wilson. Douze poèmes ont inspiré leur musique. Des poèmes de Thomas Stearns Eliot ("The love song"), Tristan L’Hermite ("Le promenoir des deux amants"), Emily Dickinson ("Why do I love you, sir ?"), Robert Desnos ("Coucher avec elle"), Edna St. Vincent Millay ("Love is not all"), Henri de Régnier ("Si j’ai parlé"), Christina Rossetti ("Echo"), Guillaume Apollinaire ("Si je mourais là-bas"), Wendy Cope ("Flowers"), Charles Baudelaire ("À une passante"), Hélène Cadou ("Pour t’obliger à vivre encore"), Wystan Hugh Auden ("If I could tell you").

Il y a de la sophistication chez Lanson et Wilson, dans la façon dont ils laissent presque les poèmes parler pour eux-mêmes. Il y en a également naturellement dans cette subtile et élégante musique, dans ces atmosphères, dans ces contrastes, dans ces élans mélodiques et rythmiques. On se laisse totalement submerger, emmener. C’est beau, très beau.