C’est un véritable évènement éditorial que nous proposent les éditions Passés Composés avec la sortie de cet ouvrage de Raphaël Doan qui est le premier livre d’histoire écrit et illustré avec une intelligence artificielle.

On peut se demander si demain nous ne serons pas remplacés par des robots, avec le développement des intelligences artificielles qui savent désormais écrire, parler et raisonner. On peut aussi s’interroger la capacité de l’IA à nous permettre de mieux nous connaître et à nous réapproprier notre passé.

Raphaël Doan, agrégé de lettres classiques, enseignant à Sciences-po Paris, historien de l’Antiquité, fait le pari fou de se plonger dans les dernières technologies d’intelligence artificielle pour les appliquer à la culture classique. Il en résulte un livre singulier et déroutant, le tout premier en son genre, une uchronie écrite et illustré avec l’IA.

Ce récit part d’un fait réel et pourtant oublié, la découverte d’une machine à vapeur au Ier siècle, sous l’empire romain. Dans cette histoire alternative, Rome bénéficie d’une révolution industrielle sans précédent, laquelle lui permet de dominer les civilisations antiques, d’étendre sa domination à travers le globe et même de partir à la conquête de l’espace.

L’ouvrage débute par une courte préface écrite par l’IA, nous précisant en quoi elle représente un outil puissant pour inventer des uchronies, nous précisant ce que l’on va voir et découvrir dans l’ouvrage, nous annonçant le regard fascinant et stimulant que l’ouvrage nous offre sur un monde qui n’a jamais existé.

L’ouvrage se poursuit avec une préface bis avec l’auteur, en chair et en os qui reprend la plume pour nous expliquer le but de l’ouvrage et ce que peut nous apporter l’IA en prenant compte des risques et des menaces qui pèsent avec son utilisation. Il nous parle aussi de la technique de production, nous expliquant comment le livre a été conçu, les logiciels d’images et de textes utilisés et le travail de relecture et de correction nécessaire pour polir le livre et le rendre plus agréable à lire. On comprend mieux en lisant cette préface bis les ombres et les lumières des logiciels utilisés, les raisons pour lesquelles il faut parfois s’en méfier mais aussi celles qui nous invitent à s’en saisir afin de les mettre à notre service.

Pour chaque chapitre, il y en a quatre au final (Néron et la machine à vapeur, Autres techniques et autres mœurs, des esclaves aux robots et l’Empire universel), l’historien conduit l’IA à imaginer ce qu’il se serait passé dans cet autre monde, et à l’illustrer avec un degré de détail étonnant. Puis, dans un commentaire personnel (à chaque fin de chapitre), il analyse ce qu’a imaginé l’IA d’un regard critique et documenté.

Pour ce qui concerne l’Histoire écrite par l’IA, force est de constater que l’histoire, sans être inintéressante n’a pas le niveau de celle qui pourrait être écrite par un véritable auteur de science-fiction. C’est intéressant à lire et plaisant sans être extraordinaire. C’est donc évidemment le retour de l’historien qui donne la vraie dimension à l’ouvrage au travers de retours dans le temps, d’explications et de précisions sur de nombreux thèmes.

Les deux textes fonctionnent bien, ils sont cohérents, même celui fait par l’IA (ce qui reste au final quand même impressionnant). Le travail proposé par Raphaël Doan est donc pertinent, tout autant qu’il est didactique. Les illustrations sont aussi de très bonne qualité, parfaitement complémentaires des textes. Celles qui sont créées par l’IA peuvent s’avérer même totalement époustouflantes.

Les éditions Passé Composés nous proposent donc un ouvrage original, qui fera date dans le monde de l’édition. La littérature et les ouvrages d’histoire ont encore de beaux jours devant eux, le talent et les connaissances de l’historien ne sont pas comparables avec celles d’une IA qui peut néanmoins s’avérer être un très bon partenaire.