Retrouver la plume de Pascal Dessaint est toujours un véritable plaisir pour moi. J’aime beaucoup cet auteur, passionné par l’histoire sociale, qui continue d’en faire la matière de ses livres. Après avoir chroniqué Un colosse, L’horizon qui nous manque et Un homme doit mourir, j’ai pu lire un peu avant sa sortie 1886, un ouvrage consacré à l’affaire Jules Watrin.

En 2015, un mouvement social finit mal pour deux cadres d’Air France, qui doivent s’enfuir d’une réunion, la chemise arrachée. Ce fait divers trouve un étrange écho dans un évènement plus ancien et plus tragique. Le 26 juillet 1886, des mineurs sont allés demander des comptes au sous-directeur d’une mine, qui sera défénestré. C’était à Decazeville, en Aveyron.

L’ouvrage de Pascal Dessaint nous raconte ce crime, la grève qui s’est ensuivie (la plus longue grève ouvrière du 19ème siècle) mais aussi le procès des dix personnes présumés coupables. L’histoire se déroule durant la troisième république, le meurtre de Jules Watrin indigne l’opinion publique. On accuse même Emile Zola de l’avoir inspiré avec son roman Germinal paru un an plus tôt.

L’affaire fait grand bruit mais les esprits les plus éclairés viendront au secours des mineurs. Parmi eux, on y trouve Jules Cayrade, le premier maire républicain de Decazeville, Jules Guesde, Louise Michel aussi ou encore Emile Basly, ouvrier fraichement élu député. D’une plume à la fois fougueuse et minutieuse, Pascal Dessaint recrée le climat explosif de l’époque.

Une fois encore, l’écriture de Pascal Dessaint fait merveille, encore plus pour nous raconter la grande Histoire, montrant un travail de recherche documenté pour être au plus près des faits historiques (on avait déjà remarqué ce talent dans l’ouvrage Le colosse). Précis sur le contexte historique, sur l’analyse sociologique et politique de l’époque qu’il raconte, l’auteur s’évertue à décrypter le plus précisément l’affaire Watrin.

L’ouvrage est vraiment passionnant, très facile à lire et accessible à tous, même les non amateurs d’Histoire devraient s’y retrouver. C’est vivant, on apprend de nombreuses choses, notamment autour du personnage du maire de Decazeville.

C’est donc une superbe grande fresque romanesque que nous propose Pascal Dessaint, une fresque qui permet de bien cerner le climat explosif qui a pu régner à cette époque dans l’Aveyron.