Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Festival Levitation France #10 (édition 2023) - samedi 27 mai
Big Wool - Meule - Lambrini Girl - Ulrika Spacek - Crows - Cloud Nothings - Forever Pavot - Altin Gün - Psychotic Monks  (Chabada, Angers)  27 et 28 mai 2023

Levitation, jour 1. Là où ça fait mal.

Fin mai 2023, l’asphalte brûle déjà comme au mois de juillet devant l’entrée du parking de la salle du Chabada à la périphérie Nord d’Angers. Quelques cumulus timides et clairsemés traînent dans un ciel bleu saturé. Les portes sont ouvertes depuis peu que déjà le public fait la queue pour pénétrer sur le parking de la salle de concert qui accueille les deux scènes du festival Levitation. Dédié aux musiques psychédéliques et au rock garage, il accueille chaque année des groupes du monde entier. Depuis 2013, cet évènement né à Austin (Texas) de la volonté des musiciens des Black Angels, se déroule aussi dans la capitale angevine et fête cette année ses 10 ans !

Le bitume déjà chauffé par le soleil précocement ardent de ce dernier week-end de mai est peu à peu piétiné par un public arborant indifféremment des t-shirts du Hellfest, de groupes garages, des tenues psychédéliques ou/et des pattes "d’eph". À ma droite, la scène Élévation n’est pas encore chauffée à blanc par l’astre du jour qui, lorsqu’il commencera à descendre un peu plus, dardera ses rayons sur les planches et viendra éblouir les musiciens. À ma gauche, la scène Réverbération, légèrement plus grande et haute, attend dans l’ombre d’accueillir ses premiers artistes du week-end.

Au menu alléchant de la soirée, entre autres, Cloud Nothings, Ulrika Spacek ou encore Altin Gün. Et Meule, vu et apprécié à leur release party au Temps Machine le mois dernier. Mais rien ne va se passer comme prévu. Mais on y reviendra. Chaque chose en son temps.

Autour des bars montés entre les deux scènes, quelques assoiffés s’attroupent déjà pour déguster un demi (ou plus) de bière bien fraîche locale (ou tout autre boisson alcoolisée ou non d’ailleurs ! C’est quoi ce cliché du rockeur buveur de bière !). Il faut rendre hommage aux bénévoles qui pendant ces deux jours de chaleur intense se seront démenés et auront sués derrière les comptoirs.

Bientôt, c’est Big Wool qui entame les hostilités sous les bâches de l’Élévation. Le soleil encore relativement vertical tape bien sur la nuque des spectateurs déjà nombreux, mais épargne les artistes. Les angevins se tirent plus qu’honorablement de la charge à la fois ingrate et pourtant gratifiante d’être les premiers à se produire dans le cadre du festival. En effet, si leur pop entraînante qui sait se faire aérienne, où guitares et violons s’entremêlent, est rafraichissante, le public n’est pas encore entré complètement dans l’ambiance. Ce qui sera effectif à la fin du set, preuve du talent de ces cinq musiciens.

En face, tel un lutteur se préparant dans ses cordes du ring, le trio tourangeaux de Meule affute ses instruments : un set de générateurs d’ondes et d’effets analogiques impressionnant, une guitare neuf cordes en plexi et deux batteurs qui se font face pour mieux se renvoyer des signatures rythmiques improbables qui peuvent entraîner une dangereuse transe et des tremblements des membres accompagnant les syncopes des caisses claires.

La musique de Meule, c’est… comment dire, un savant mélange entre expérimentations sonores électro, kraut-indus et psyché techno. Ou un truc dans le genre. Ou pas… Bref, Meule, c’est un OMNI. Et un concert de Meule, c’est aussi physique avec les sub de la grosse caisse qui vous martèle, les boucles qui vous envoûtent et les riffs de guitare répétitifs qui vous hypnotisent. Pierre Dine, Léo Kapes, Valentin Pedler, respectivement batteurs et guitariste bidouilleur, ont conquis le public, captivé par les échanges et interactions entre les trois entités. Certainement le concert à retenir de la soirée.

Mais peut-être pas le show… car en face, sur la scène désormais baignée d’un soleil torride, ce sont les Lambrini Girl qui relèvent le défi et s’arment pour affronter l’éblouissement, la déshydratation et les coups de soleil. C’est peu dire que l’intensité du set ne réside pas dans la musique mais dans l’énergie déployée par la chanteuse guitariste Phoebe Lunny qui donne littéralement de sa personne, et de sa guitare, en plongeant dans le public, suivie de près par la bassiste du groupe.

Après avoir auparavant copieusement insulté J. K. Rowling et ses propos jugés transphobes par certains, hurlé de nombreux "shit" et "fuck", elle s’est glissée au sein de la foule qui s’était amassée devant l’Élévation, montant sur les épaules de l’un, tendant le micro à un autre pour qu’il lui tienne, engageant le public à faire un Wall of Death, donnant sa guitare à un gars qui visiblement ne savait pas quoi en faire, tout en égrenant les paroles de ses chansons, entrecoupées de diatribes revendicatrices et engagées (un de leur single s’appelle "Help Me I’m Gay" et fustige l’attitude des homophobes).

Délivrant habituellement un punk garage rugueux où les riffs de guitare simples et efficaces viennent appuyer une voix éraillée et rageuse, il faut avouer que la partie musicale du concert a été ici en grande partie assurée par la section rythmique.

N’empêche, c’était bien jouissif et à chauffé le public au moins autant que l’astre solaire !

Devant le bar, la foule se presse pour étancher sa soif. En contrebas, les food trucks proposent des repas et en cas alléchants, pas très chers, mais pas vraiment donnés non plus.

Heureusement, la qualité et le gout sont au rendez-vous : pizza au feu de bois, Burger et frites maison, plats thaï…

À l’ombre de la Réverbération, Ulrika Spacek a pris place. Assez attendu suite à leur retour avec leur dernier album (le troisième en sept ans) bien accueilli par la critique, le groupe arrive en terrain assez facilement conquis. Pourtant, est-ce la chaleur qui ne redescend pas ou l’heure de l’apéritif, le public, s’il reste réceptif aux sons et harmonies qui penchent parfois vers le Sonic Youth le plus pop, est relativement apathique. Si la musique est à la hauteur, après le show servit par le trio d’anglaise auparavant, l’ensemble du concert est assez inégal et les musiciens plutôt statiques. Il faut dire à la décharge de votre serviteur, qu’il se tape une montée de migraine assez carabinée et qu’il part se réfugier devant les food trucks pour essayer de récupérer un peu après avoir ingurgité un comprimé ad hoc.

Qu’à cela ne tienne, me voilà reparti pour tenter d’affronter les décibels de Crows. Mais nom de Zeus, est-ce dû à la scène, sa position, son orientation qui pousserait les artistes à venir s’abriter dans le public ? À peine le set est-il entamé que voilà James Cox franchissant le crash-pit et s’adonnant à un bain de foule. Le groupe crame sous les rayons du soleil qui, bien que déclinant, tape droit sur la scène. Quelques titres reconnaissables — j’avoue humblement que si j’ai écouté avant de venir, je découvre une majorité des groupes présentés durant ces deux jours —  comme "Slowly Separate" qui est le single peut-être le plus connu des Anglais.

L’impression de voir flotter le fantôme de Ian Curtis au-dessus de la scène ne me quittera pas du concert. Même chemise, gestuelle inspirée, voix monocorde… Il semblerait que la nouvelle scène anglaise ait du mal à se départir de ce lourd héritage. Peut-être que la période que nous vivons dégage une mélancolie et une colère contenue qui se rapproche de celle qui a vu l’éclosion du phénomène mancunien…

Et hop ! On se retourne ! Et sous vos yeux ébahis, Cloud Nothings dont les deux premiers albums m’avaient plus que séduit. Un peu passé dans les coulisses de mes préoccupations musicales depuis, il est vrai que je n’ai pas suivi l’évolution des Américains de l’Ohio. Le marteau qui frappe les parois de mon crâne ne se calme pas, mais j’affronte les premiers titres avec stoïcisme. Lunettes de geek, tenue de skateur, Dylan Baldi semble tout droit sorti d’un épisode des Simpsons.

Absent de la scène, Chris Brown (guitare / claviers) et… le son ! En effet, après quelques titres bien envoyés — ça ramone Cloud Nothings et ça cri fort— soudain, quasiment plus rien ! Ils pourraient jouer en acoustique, on entendrait mieux. Que se passe-t-il ? Je n’ai pas la force de me déplacer vers la console lorsque le son revient enfin. Il faut dire que le joueur de base-ball qui s’acharne à jouer à la balle avec mon cerveau commence à se fatiguer et j’ai comme un coup de mou. Mais la reprise du son et l’enthousiasme du public qui après avoir manifesté son mécontentement se réjouit de nouveau, redonne un coup de boost au groupe qui termine le set avec "Can’t Stay Awake" qui semble me convenir parfaitement.

Bon, petite pause au milieu des groupes qui picolent autour des tables hautes dressées au centre du parking, déambulation vers les flippers de la salle du bar du Chabada, admiration des vinyles que je n’ai pas les moyens de m’acheter, et retour pour apprécier la pop acidulée inspirée des compositeurs de musique de film des années 60 de Forever Pavot.

J’ai découvert et suis tombé sous le charme de la musique d’Émile Sornin, je me souviens, un samedi — ou un vendredi ? — au Mars Attack à Angoulème lors d’une soirée Born Bad Records. Peut-être que sa musique est plus adaptée aux endroits confinés et intimistes mais, en dépit de la qualité des compositions, anciennes et nouvelles, je n’arrive pas à rentrer entièrement dans le show. Et pourtant, les musiciens sont pleinement investis, vivant leur musique intensément. Passeront Le Beefteak ou Dans La Voiture, joués avec maestria et conviction. Flûte traversière, wah-wah savamment maîtrisée, basse ronflante et claviers gentiment vintages, tout semble s’articuler à merveille. Le set avalé avec un plaisir non fein des deux côtés, public comme artistes, une impression de fraîcheur à la fois physique et mentale semble s’installer (je vais mieux dites donc ! C’est reparti !).

La soirée avançant, le soleil tombant doucement derrière le bâtiment à l’architecture 60/70 en adéquation esthétique avec la musique de Forever Pavot, le public déjà bien chauffé par la fin de la prestation de Cloud Nothings attend une des têtes d’affiche de ce premier soir, Altin Gün (cela veut dire "l’âge d’or"). Les musiciens néerlando-anatoliens (mmmm, pas sûr que ça se dise, mais mon logiciel ne souligne pas le terme en rouge. Je laisse) ont gagné leurs lettres de noblesse et le cœur du public français avec leur premier album On en 2018. Depuis, quatre autres ont vu le jour, dont Yol qui fait référence au film palme d’or de 1982 et aux musiques turques de ces années-là.

Cette fois-ci, je ne suis pas le seul à trouver le concert assez inégal. Les titres vraiment psychédéliques aux sonorités orientales sont séduisants, mais si certains entraînent bien le public, d’autres laissent plus froids. Un show en demi-teinte et des conditions de prise de vue pour les photographes assez difficiles, situation qui se répètent régulièrement sur cette scène submergée par les fumigènes et arrosée de lumières en contre-jour dès que tombe le jour…

En dépit de la soirée avancée et des volutes de fumée lourde qui s’échappent vers la lune qui s’est levée, l’ambiance est cool et bonne enfant. Certains parents ont d’ailleurs emmené les leurs, d’enfants. Pourtant, les derniers artistes de la soirée ne font pas dans la dentelle et dans la musique facile d’accès.

Assis tranquillement sur la scène, les Psychotic Monks, coqueluche néo-indus-noise du moment attendent le public sereinement. Le concert démarre dans un mélange de bruit et de fureur au fur et à mesure que les artistes font monter la sauce. Guitariste émacié et sautillant, tendance Blixa Bargeld sous héro, chanteur bassiste / clavier habité et guitariste maquillé en robe de cuir, tout en retenu et délicatesse, batteur efficace et énergique, chaque musicien développe sa personnalité, aussi bien scéniquement que musicalement. Le chant passe de l’un à l’autre et les sons distordus accompagnés de rythmes mécaniques et de sons industriels générés par des instruments martyrisés (écrivez à la SPI !) et des pédales d’effet écrasées par des grosses chaussures (écrivez à la SPPE !) font danser la foule.

Le son est très fort. Trop pour certains qui quittent le site. Un set impressionnant, mais au bout d’une demi-heure, l’insidieux boxeur qui s’amuse à taper mon occiput reviens en force et je déclare forfait.

Depuis, je me suis écouté plus attentivement les trublions de la dernière heure, et j’approuve ! À découvrir pour ceux qui ne connaissent pas.

Demain fut un autre jour. Je vous raconte dans le prochain épisode.

 

En savoir plus :
Le site officiel de Levitation France
Le Facebook de Levitation France

Crédits photos : Antoine Gallais Billaud


Antoine         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco
• A lire aussi sur Froggy's Delight :

Pas d'autres articles sur le même sujet


# 19 Janvier 2025 : Bye bye David

Avec la mort de Lynch, c'est un pan entier de la pop culture qui disparait, comme ça, sans crier gare. Il reste de toute façon sa discographie qui n'a pas attendu sa mort pour être essentielle. Pour le reste, voici le sommaire. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux !

Du côté de la musique :

"Prisme de l'eau" de Daniel Humair Trio & Samuel Blaser
"De l'ombre à l'aube" de Edward Perraud
"Mes elles" de Rosalie Hartog
"Dès demain" de Wallace
"Shapes and sounds" de Yonathan Avishai
et toujours :
Nouvel épisode "Rebonds, partie 4" de la saison 2 du Morceau Caché !
"Notturno" de Eva Zavaro & Clément Lefebvre
"The human fear" de Franz Ferdinand
"Flûte et orgue à Notre Dame de Paris" de Jocelyn Daubigney & Yves Castagnet
"Intégrale de l'oeuvre pour violon et piano de Schubert" de Maria & Nathalia Milstein
"Deep in the forest" de Quatuor Akilone
"Everlasting seasons" de Vanessa Wagner

Au théâtre :

"Grand reporterre #10 : A la table du Tout-Monde" au Théâtre du Point du Jour
"Iphigénie" au Théâtre de l'Epée de Bois (Cartoucherie)
"Les petites bêtes" au Théâtre 13 Bibliothèque
"Malwida" au Théâtre Studio Hébertot
"Une vie, là bas" au Théâtre Espace Paris Plaine
et toujours :
"Parlons, il est temps" au Théâtre Essaïon
"Faire semblant d'être moi" au Théâtre de la Flêche
"Différente" au Théâtre Comédie Bastille
"Le petit chaperon rouge" au Théâtre de la Huchette
"Les caprices de Marianne" au Théâtre des Gémeaux Parisiens
"Antigone" au Studio Hébertot

des reprises avec :

"Le nectar de dieux" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"La folle et inconcevable histoire des femmes" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"Changer l'eau des fleurs" au Théâtre Lepic
"Choisis la vie et tu vivras" au Théâtre Essaïon
"Les marchants d'étoiles" au Théâtre Le Splendid
"Le premier sexe" au Théâtre La Scala
"Touchée par le fées" au Théâtre La Scala
"Le hasard merveilleux" au Théâtre Lucernaire
"Elémentaire" au Théâtre de Belleville
"The loop" au Théâtre des Beliers Parisiens

Du côté de la lecture :

"Au-delà du mur" de Katja Hoyer
"Cérémonie d'orage" de Julia Armfield
"Les terres indomptées" de Lauren Goff
"Un perdant magnifique" e Florence Seyvos
et toujours :
"L'avocate et le repenti" de Clarisse Serre
"Auschwitz 1945" de Alexandre Bande
"La Seconde Guerre mondiale fait son cinéma" de Benoît Rondeau
"Les opérations de la Seconde Guerre mondiale en 100 cartes" de Jean Lopez, Nicolas Aubin & Benoist Bihan
"Ecrits sur le cinéma" de Pauline Kael
"L'héritière" de Gabriel Bergmoser

retrouvez les chroniques littérature récentes ici !

Aller au cinéma ou regarder un bon film :

"Bernie" de Richard Linklater

"Quiet Life" d'Alexandros Avranas
"Domas le rêveur" de Arunas Zebriunas
"Flow" de Gints Zilbalodis
"The Wall" de Philippe Van Leeuw
"Fotogenico" de Marcia Romano et Benoit Sabatier

retrouvez les chroniques films ici !

Un peu de jeux vidéo :

"Exographer" de SciFunGames
Regarder la chaîne de Froggy's Delight en direct

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=