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Christopher Nolan  (juillet 2023) 

Réalisé par Christopher Nolan. Etats-Unis, Royaume-Uni. Biopic, historique, thriller. 3h01 (Sortie 19 juillet 2023). Avec Cillian Murphy, Emily Blunt, Matt Damon.

Je me souviens étant enfant des premières fois où j’ai entendu parler d’armes nucléaires, des explications de ma mère à ce propos, appuyées par ce qu’elle avait pu glaner dans des généralités. Je voulais absolument comprendre ce qui se jouait dans la crise des Euromissiles, et cette possibilité de la destruction absolue fascinait autant qu’elle m’effrayait.

L’actualité de la guerre en Ukraine et de la menace nucléaire brandie aux frontières de l’Europe est l’écho d’un monde où la paix n’a jamais existé depuis 1945. Si on se réfère aux travaux de Jean-Pierre Dupuy, nous vivons dans une guerre virtuelle, potentielle et permanente, une guerre qui ne peut avoir lieu mais qui est inlassablement latente).

Dans ce contexte, la sortie d’Oppenheimer de Christopher Nolan est plus qu’une question cinématographique. Que l’on déteste le cinéaste ou que l’on polémique sur sa virtuosité obscure, on doit au moins lui reconnaître des intuitions thématiques qui sont le propre des grands artistes. Dans Tenet, n’est-il pas surprenant de voir cet oligarque russe acheter une toile résonnant ainsi avec l’affaire du Salvator Mundi, et le film débuter par une scène dans une salle de concert qui rappelle la prise d’otage du théâtre de Moscou en 2002.

Tous ce champ sémantique et ces symboles pointent vers une guerre à venir et tentent d’inverser le temps d’un évènement qui aurait dû être évité. Dans Oppenheimer, l’inversion du temps est perceptible dans la forme différemment de Memento : les images en noir et blanc sont dédiées au futur de la biographie contrairement aux habitudes cinématographiques classiques car le point de bascule se trouve dans l’explosion de Trinity à Los Alamos, présentée d’une manière intelligemment réaliste : lumineuse et silencieuse pour qu’ensuite vienne le fracas de l’onde de choc. Point de pyrotechnie futile ici même si, comme souvent, le réalisateur insiste pour qu’on fasse l’économie des effets spéciaux par ordinateurs dont on sait qu’ils vieillissent mal.

Mais Oppenheimer est-il seulement réductible à son invention de la bombe atomique ? Brillant à tous les égards, le scientifique s’intéressa à la psychanalyse pour des raisons de difficulté personnelles, aux langues, à la philosophie et à tout ce qui fait notre héritage civilisationnel. Il est, de manière très exacte, un contributeur majeur à la théorie des Trous-Noirs. Ainsi, les éléments historiques communiqués dans le film sont fondamentalement exacts, les interactions et les personnages qui ne vont pas seulement créer une arme mais nous faire changer de monde comme l’indique Niels Bohr (joué ici par Kenneth Branagh).

Au spectateur hésitant on pourra au moins recommander de voir ce film pour cette qualité de documentaire et sa vulgarisation des grandes figures scientifiques, ainsi que l’horreur illibérale qui était le lot du Mac Carthysme. Nollan utiliserait-il toutes ces ruses virtuoses pour nous perdre ? Non, la maestria technique est mise au service du sujet, et permet d’exposer la complexité des intrigues personnelles et politiques au travers de diverses strates narratives, habitées par une tension sous-jacente et un montage brillant qui font oublier que le film fait trois heures.

Pour ma part, je n’ai jamais douté du brio de Nollan même si j’entends que son cinéma n’est peut-être pas fait pour tout le monde. Avec Oppenheimer, le cinéaste britannique signe ce qui sera reconnu comme son plus grand film, et sûrement un chef d’œuvre. Le profane pourra contempler un fantastique bio-pic qui expose les turpitudes de la conscience morale dans les sciences. Le fan retrouvera la cohérence de l’œuvre : des armes de Tenet on voit l’origine destructrice, des trous noirs de Interstellar on découvre un de ses théoriciens, du noir et blanc de Following on retrouve la texture et l’œil de l’esprit qui contemple ces regards sur ce monde nouveau. La question demeure : quand allons-nous à nouveau changer de monde et comment le saurons-nous ?

 

Gilles Deles-Velins         
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# 11 JANVIER 2025 : Y'en a MARE !

Cette semaine, c'est le retour de la MARE AUX GRENOUILLES, vendredi soir à 21h en direct sur Twitch, c'est gratuit alors on compte sur vous ! D'ici là, voici le programme de la semaine. Retrouvez-nous aussi sur nos réseaux sociaux !

Du côté de la musique :

Nouvel épisode "Rebonds, partie 4" de la saison 2 du Morceau Caché !
"Notturno" de Eva Zavaro & Clément Lefebvre
"The human fear" de Franz Ferdinand
"Flûte et orgue à Notre Dame de Paris" de Jocelyn Daubigney & Yves Castagnet
"Intégrale de l'oeuvre pour violon et piano de Schubert" de Maria & Nathalia Milstein
"Deep in the forest" de Quatuor Akilone
"Everlasting seasons" de Vanessa Wagner
et toujours :
"Nobody loves you more" de Kim Deal
"Celestial" de Mantra
quelques découvertes avec Teenage Role Models, Pales, Lumio
"Sons 2 Ouf!! (Inedits Et Remixs 94-2024)" de Stupeflip
"Space Cowboys" de Uncut
"A defiant cure" de Alta Rossa
"Franck, Haydn, Rachmaninoff" de Ivan Yanakov

Au théâtre :

"Parlons, il est temps" au Théâtre Essaïon
"Faire semblant d'être moi" au Théâtre de la Flêche
"Différente" au Théâtre Comédie Bastille
"Le petit chaperon rouge" au Théâtre de la Huchette
"Les caprices de Marianne" au Théâtre des Gémeaux Parisiens
"Antigone" au Studio Hébertot
et toujours :
"Robinson" au Théâtre de la Huchette
"Le Carnaval des animaux" au Théâtre Libre
"Le sens de la vie est-il un sixième sens..." au Théâtre La Manufacture des Abbesses
"Les parallèles" au Théâtre La Scala
"J'ai mal au siècle" au Théâtre de l'Epée de Bois, La Cartoucherie
"Une leçon de piano avec Chopin" au Théâtre Le Ranelagh
des reprises avec :

"Le nectar de dieux" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"La folle et inconcevable histoire des femmes" au Théâtre Le Funambule Montmartre
"Changer l'eau des fleurs" au Théâtre Lepic
"Choisis la vie et tu vivras" au Théâtre Essaïon
"Les marchants d'étoiles" au Théâtre Le Splendid
"Le premier sexe" au Théâtre La Scala
"Touchée par le fées" au Théâtre La Scala
"Le hasard merveilleux" au Théâtre Lucernaire
"Elémentaire" au Théâtre de Belleville
"The loop" au Théâtre des Beliers Parisiens

Du côté de la lecture :

"L'avocate et le repenti" de Clarisse Serre
"Auschwitz 1945" de Alexandre Bande
"La Seconde Guerre mondiale fait son cinéma" de Benoît Rondeau
"Les opérations de la Seconde Guerre mondiale en 100 cartes" de Jean Lopez, Nicolas Aubin & Benoist Bihan
"Ecrits sur le cinéma" de Pauline Kael
"L'héritière" de Gabriel Bergmoser

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Aller au cinéma ou regarder un bon film :

"Bernie" de Richard Linklater

"Quiet Life" d'Alexandros Avranas
"Domas le rêveur" de Arunas Zebriunas
"Flow" de Gints Zilbalodis
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"Fotogenico" de Marcia Romano et Benoit Sabatier

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