C’est aussi la rentrée aux éditions de l’Olivier avec quatre publications que j’ai pu recevoir au début de l’été pour en profiter un peu en avance. J’ai commencé par une valeur sûre avec Le Château des rentiers d’Agnès Desarthe. On ne présente plus Agnès Desarthe, tant elle fait partie du paysage littéraire français, auteure de 14 romans aux éditions de l’Olivier, recevant de nombreux prix.
On n’est jamais déçu lorsque l’on a entre les mains un ouvrage d’Agnès Desarthe et son dernier livre ne déroge pas à cette règle. On prend toujours plaisir à retrouver son humour, la tendresse et la délicatesse qui envahit ses écrits, nous parlant ici de nos ainés, des siens évidemment Boris et Tsila, d’une communauté de juifs originaires d’Europe centrale qui vivaient à Paris dans le 13ème arrondissement, rue du château des rentiers. Ceux-ci avaient inventé jadis une vie en communauté, un phalanstère.
Les chapitres sont courts, autour de deux pages à chaque fois, ce qui permet de donner du rythme à la lecture et à l’histoire pour s’imprégner de l’histoire des grands parents d’Agnès Desarthe en traversant les générations. Elle nous raconte l’histoire de ses grands-parents juifs et de leurs amis, souvent miraculés de la Shoah, conscient de la chance qu’ils ont eu d’y échapper pour savoir profiter de leur vieillesse comme si celle-ci était une nouvelle vie.
C’est un très bel ouvrage sur la vieillesse que nous propose l’auteur, une très belle réflexion sur le temps aussi dans lequel Agnes Desarthe en profite pour se regarder vieillir avec l’humour et l’ironie qu’on lui connaît au travers d’une maison de retraite imaginaire qui se veut idéale.
L’auteure prend soin d’entremêler les temps et les époques, plutôt que d’exploiter de façon linéaire l’histoire de ses aïeux. Evidemment, les mémoires ont des oublis, comme toujours quand on remonte dans le passé, qu’on peut combler par l’imagination, essentielle et performante chez l’auteure, qui permet de transformer un bâtiment lugubre du 13ème arrondissement de Paris en un château et ses simples habitants juifs en rentiers.
Sa propre vieillesse, elle l’imagine alors, dans une maison de retraite parfaite ou idéale, où elle pourrait finir ses jours aux côtés de ceux qu’elle aime, de ses amis. La vie de ses grands-parents, marquée par le nazisme, les difficultés financières et la mort la rassure sur sa propre vieillesse, prendre de l’âge ne signifiant plus se diriger vers la fin mais plutôt être encore vivant.
C’est toujours aussi beau de lire un livre d’Agnès Desarthe chez qui les mots sonnent toujours justes. L’écriture est précise et précieuse, elle nous emmène dans ses réflexions qui rejaillissent sur nous. Et elle nous montre ici que la vieillesse peut être heureuse, c’est bien là l’essentiel. |