Voilà un ouvrage reçu en début d’été dont je n’attendais pas grand-chose, d’un auteur pour moi inconnu qui, au final, m’a fait passer un agréable moment, se révélant être une belle surprise de cette rentrée littéraire. Le bandeau entourant l’ouvrage était néanmoins tentant, nous précisant que le livre risquait de nous embarquer dans un univers côtoyant John Fante (que j’aime beaucoup) et Scorsese (que tout le monde aime normalement) avec beaucoup d’humour par-dessus tout. Cerise sur le gâteau, toutes ces informations nous sont données par Dominik Moll, le réalisateur du génial La nuit du 12 que je vous recommande aussi.
Alors évidemment, si toutes ces promesses sont bien tenues, on ne pouvait qu’espérer être transporté par Fuck up, le livre d’Arthur Nersesian, auteur américain installé à New-York, qui écrit des romans et des pièces de théâtre en plus d’enseigner la littérature.
Fuck up a connu une drôle d’histoire. Publié dans la maison new-yorkaise underground Akashic Books, il a très vite rencontré le succès grâce au bouche-à-oreille, se vendant à plus de 120 000 exemplaires. Très rapidement épuisé, il est aujourd’hui recherché par des lecteurs curieux et les bibliophiles.
De l’autre côté de l’Atlantique, chez nous, les éditions de La Croisée ont eu la bonne idée d’en proposer une traduction par Charles Bonnot qui nous permet d’y accéder. On y découvre l’histoire d’un héros dans les années 80, loin d’être parfait qui, largué par sa petite amie et sans travail, se met à errer dans l’East Village et ses cinémas miteux. Trouvant un lit au fil des rencontres avec la faune locale, entre les écrivains ratés, les yuppies de Wall Street, les éditeurs snobs, les gourous sauvages ou les réalisateurs arty, on le suit cherchant sa voie, s’inventant une vie au gré des situations, se laissant aller par le hasard pouvant l’entrainer au bord de l’abîme.
La lecture du livre confirme la référence à John Fante, on est bien dans le roman picaresque destroy, nous montrant ce que l’on pourrait appeler la descente aux enfers d’un homme qui enchaîne les galères et les attire. Les embrouilles, les bagarres, les blessures sont le quotidien de cet homme qui s’enfonce dans la précarité au fil des pages. Ratant tout ce qu’il fait, les galères ne s’arrêtent jamais et il a un terrible don pour effectuer les mauvais choix.
L’ouvrage est l’occasion de nous décrire East Village, quartier de New-York connu pour sa vie nocturne où l’on y trouve des bars retro, des lieux de concerts, des cinémas, des salles de spectacles, des salons de tatouage, des magasins vintage. On est donc bien loin du New-York huppé, des hauts building qui tutoient le ciel.
Fuck up est au final un roman que l’on pourrait qualifier de "déjanté" comme son héros totalement borderline qui manie très bien l’humour et l’ironie pour nous décrire les aventures rocambolesques, c’est rien de le dire, pour lesquelles on finit par prendre beaucoup de plaisir autour de son malheur. Ce n’est au final par très avouable de rire du malheur des autres mais cela reste de la littérature. Cela nous rassure au final et on y passe un agréable moment. |