Comédie monologale de Patrick Süskind interprétée par Jean-Jacques Vanier dans une mise en scène de Gil Galliot.
Après Jacques Villeret, dont la prestation reste dans les mémoires de ceux qui eurent la chance d'y assister, apèrs Clovis Cornillac qui tira, paraît-il, son épingle du jeu en n'essayant pas de se rapprocher du jeu de son prédécesseur contrebassiste, c'est au tour de Jean-Jacques Vanier de s'emparer du personnage crée par l'auteur du "Parfum", Patrick Süskind,
Jean-Jacques Vanier, on l'a vu dans des seuls-en-scène très personnels, comme "L'envol du pingouin" (qui lui valut un Molière) ou "A part ça la vie est belle". Souvent dirigé par François Rollin, il savait faire rire avec son personnage lymphatique, un peu à côté de la plaque mais toujours retombant sur ses pattes grâce à un bon sens tenant de l'art de survivre en territoire ennemi..
Dans un texte très écrit et peut-être un peu surfait, il tente de renouer avec ce qu'il fait de mieux, c'est-à-dire résister à tout son environnement hostile grâce à son bon sens de faux ébahi. Son contrebassiste n'est pas un virtuose mais un musicien d'orchestre.
Il avoue être un "fonctionnaire" de la musique et le démontre par ses propos pas forcément très agréables sur la musique et les musiciens. Même si sa contrebasse exposé sur scène brille quand on l'éclaire. On ne le verra que fugacement lui balayer ses quatre cordes de son archet.
Peut-on être un bon musicien quand on n'a plus aucune chance de devenir célèbre, quand on sera un éternel comparse dans un orchestre classique ?
Gil Galliot. qui le met en scène respecte à la lettre ce que Patrick Süskind voulait montrer de son personnage : un pathétique croque-notes sans passé et sans avenir et qui n'a, finalement, qu'un don : celui de dénigrer son instrument, aller presque jusqu'à le haïr tout en étant capable de donner le change et d'être quasiment sûr d'être à vie dans un orchestre qui compte pourtant des solistes admirables, comme Sarah, cette jeune soprano qu'il admire et dont il sera l'éternel amoureux transi et secret...
Jean-Jacques Vanier réussit parfaitement l'exercice qui lui est imposé et on saura gré à Gil Galliot de lui permettre de poursuivre sa riche carrière. On regrettera cependant que le duo n'ait pas osé transgresser la prose de Süskind, n'ait pas cherché à la muscler comme aurait su le faire un Thomas Bernhard, dont on sait l'amour souvent cruel qu'il portait à la musique et aux musiciens.
On est aussi un peu déçu d'avoir sur scène une magnifique contrebasse et de n'entendre le son de l'instrument que par l'intermédiaire d'un électrophone. Amateur d'absurde et de beaux décalages artistiques, on imagine ce qu'aurait pu être un dialogue entre Vanier, le contrebassiste de papier, et un authentique instrumentiste...
Reste une belle prestation de Jean-Jacques Vanier qui, en respectant son cahier des chagrins, ne doit pas être très loin de ce qu'accomplissait Villeret. Qu'importe les réserve; ce que donne à voir Jean-Jacques Vanier dans "La contrebasse" mérite d'être vu. |