Comédie dramatique de Jean-Claude Brisville interprétée par Céline Yvon, Marguerite Mousset et Rémy Jouvin dans une mise en scène de Tristan Le Doze.
A Paris en 1750. Revenant d'un séjour à la campagne, Madame du Deffand, qui tient chez elle un salon prisé que fréquente le Tout-Paris des érudits et philosophes s'enthousiasme auprès de son ami, le Président de la Chambre Hénault, qui lui rend visite régulièrement, des jours qu'elle vient de passer et de sa rencontre avec une jeune personne, fille illégitime de son frère : Julie de Lespinasse.
Sa vue venant à baisser, elle a besoin d'une lectrice et ramène donc avec elle Julie qu'elle engage, sans divulguer leur parenté, et loge dans une chambre juste au-dessus du salon.
Mais bientôt, le succès que commence à connaître Julie auprès de la gent masculine et de ses amis (d'Alembert, Turgot, Diderot...) dont la jeune femme soutient les idées modernistes, la rend de plus en plus jalouse et amère.
La jeune lectrice, loin d'être sotte, entreprend un jeu d'influence et de séduction auprès des hommes qui entourent Madame du Deffand, le président Hénault en tête, pour supplanter peu à peu sa protectrice dans un mélange de revanche sociale et familiale. Sa chambre devient l'antichambre du salon.
Et c'est la rupture entre celle qui a tout compris de l'importance du salon et du pouvoir qu'il confère et celle qui, menacé par la cécité prochaine et sa baisse de crédit, voit la vieillesse arriver comme un danger inéluctable.
"L'Antichambre" de Jean-Claude Brisville (écrit en 1990) s'appuie sur des personnages réels qui ont marqué le siècle des Lumières à Paris. C'est ce qui en fait son grand intérêt car en plus de son intrigue prenante, il est un magnifique moment d'Histoire.
Brassant de multiples thèmes avec des répliques ciselées, la pièce est un petit bijou d'esprit et de cruauté. Elle est ici servie par un trio de comédiens excellents.
Céline Yvon est une Marie du Deffand bouleversante. Marguerite Mousset, une Julie de Lespinasse manipulatrice à souhait. La comédienne fait également entendre ses talents de chanteuse avec des versions de comptines et chansons traditionnelles pour le moins inédites.
L'évolution des deux femmes est particulièrement bien jouée. Enfin, Rémy Jouvin incarne le Président Hénault avec talent.
Tristan Le Doze met en scène la pièce avec une finesse remarquable, donnant à ces joutes oratoires une passionnante intensité. Les costumes de Jérôme Ragon sont également superbes. Tout est ici subtil et accompli.
Un spectacle brillantissime et absolument captivant. |