Quoi de mieux que de passer ses vacances en compagnie d’un très bon polar, qui plus est quand celui-ci à une dimension historique, ce que j’aime particulièrement. Pour ce faire, aucune prise de risque de ma part en faisant le choix de me lancer dans la lecture d’un nouvel ouvrage de Robert Goddard, auteur que je suis avec assiduité depuis La Croisière Charnwood.
Robert Goddard vit dans les Cornouailles, il signe ici son douzième roman, tous parus chez Sonatine et disponibles en Livre de Poche sauf son dernier évidemment Les dernières pages qui vient tout juste de sortir.
Avec Les dernières pages, on retrouve tout ce que l’on aime chez Robert Goddard, à savoir des histoires de familles avec des secrets, des manipulations et des chantages avec en toile de fond l’indépendance de l’Algérie.
On se retrouve à Paris le 17 octobre 1961. Tout juste débarqué d’Angleterre, Nigel Dalby vit une scène terrible dans le quartier Saint-Michel. Une manifestation pacifique d'Algériens organisée par le FLN est réprimée dans le sang par la police du préfet Papon. Plus de deux cents manifestants sont tués, jetés dans la Seine ou abattus. Le bilan officiel ne fera état que de trois morts.
Quelques années plus tard, essayant en vain d'oublier cet événement tragique, Nigel travaille avec sa fiancée Harriet à Tativille, l'immense studio de tournage de Jacques Tati, près de Vincennes, imaginé pour le tournage de Playtime. Là, il fait la connaissance de deux jeunes Algériens bien décidés à venger les martyrs du 17 octobre. Après une mystérieuse opération et la disparition de Harriet, Nigel part en Algérie, nouvellement indépendante, où il s’installe comme libraire.
Des années plus tard, en 2020, dans un cottage du Hampshire, Suzette Dalby, la fille de Nigel, rend visite à Stephen, le frère de Harriet. Plus de vingt ans après l’assassinat de son père durant la guerre civile algérienne, elle vient de recevoir un étrange manuscrit, censé être la confession de son père qui explique, entre autres, la disparition de Harriet.
C’est encore un ouvrage passionnant que nous propose Robert Goddard, avalé en deux jours pour moi tant j’étais pressé d’aller au bout de cette lecture qui enchevêtre merveilleusement bien l’Histoire (ici, celle de l’Algérie) et les drames familiaux.
En même temps que l’on se passionne pour l’intrigue de l’histoire et ses multiples rebondissements, on a la chance de revenir sur des sombres moments de notre histoire, notamment celle concernant les évènements du 17 octobre 1961 mais aussi celle concernant les actes terroristes du GIA sur notre territoire dans les années 90. On sent en lisant le livre et ses précisions historiques que l’auteur a dû effectuer un gros travail de recherche en amont.
C’est un roman relativement dense que nous propose Robert Goddard, qui nous fait passer par différentes émotions tout en nous faisant réfléchir sur la vengeance, la lâcheté et les remords. C’est pour moi un de ses meilleurs ouvrages, mais je ne suis pas forcément très objectif car sa dimension historique, sur un sujet qui me passionne explique sûrement cette préférence. |