Les ouvrages portant sur la Révolution française sont aussi nombreux qu’ils sont passionnants et cet ouvrage qui vient de sortir sur l’un des évènements marquants de cette période ne déroge pas à cette règle.
A la plume de cet excellent livre se trouve Clément Weiss, un ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, agrégé et docteur en Histoire, enseignant en classes préparatoires. Ses recherches portent sur l’histoire militaire de la contre révolution.
L’auteur fait le choix de s’intéresser au 10 août 1792, à l’assaut donné sur le château des Tuileries par les gardes nationaux patriotes et les sans-culottes qui aboutit quelques heures plus tard à la chute de Louis XVI.
Ce choix se justifie par les légendes dorées ou des légendes noires qui se sont greffées à ce renversement politique. Au final, le détail des opérations qui ont conduit à la défaite des défenseurs de la monarchie restait jusque-là très mal connu. Cette journée du 10 août 1792 reste fondamentale, la plus violente de l’histoire de Paris depuis les massacres de la Saint-Barthélemy en 1572. Elle n’est pourtant rien de moins qu’une bataille rangée.
En se fondant sur des sources inédites, ce livre propose une histoire par le bas de ces combats, attentive aux tactiques, aux choix et aux motivations des acteurs, ainsi qu’aux armes et aux coups qu’ils ont portés. Il démontre que les réécritures entreprises après l’événement ont cherché à transformer la contribution de la noblesse à la défense du trône en ultime engagement d’une chevalerie trop tard revenue à sa vocation militaire.
En cela, la défaite des Tuileries le 10 août 1792 trouve sa place, avec Crécy, Azincourt ou Pavie, dans l’illustre lignage des désastres de la chevalerie française. Son issue dépasse la question du sort de Louis XVI et de sa famille : elle touche au cœur de la mythologie guerrière d’un ordre social contraint de déposer les armes face à l’histoire après des siècles de domination.
L’ouvrage débute avec un plan concernant l’assaut des Tuileries puis enchaîne avec un court résumé des combats du 10 août alors que les sources disponibles sont d’une abondance rare, nous permettant si on le souhaite pouvoir suivre cette journée heure par heure. L’approche de l’auteur concernant cet ouvrage est de se placer du point de vue de la défense. Le 10 août 1792 devient sous sa plume une véritable bataille, bien loin de l’idée d’insurrection qu’on lui donne, tout en restant évidemment un tournant historique pour la monarchie.
Une fois encore, c’est d’ailleurs toujours la ligne éditoriale des éditions Passés-Composés, l’ouvrage se démarque par sa facilité de lecture, toujours très grand public (et fort utile pour les enseignants aussi), tout en restant très précis dans ce qu’il raconte, fruit d’un colossal travail de recherche pour l’auteur.
Cet ouvrage de Clément Weiss trouvera évidemment sa place dans ma bibliothèque de livres d’histoire qui ne cesse de s’agrandir pour mon plus grand plaisir. |