Chronique musicale conçue et réalisée par Agathe Mélinand, avec Christine Brüchner et Fabienne Rocboy accompagnées par les musiciens Béatrice Martin et Charles Lavaud.
Si l'on a envie de passer une heure hors du temps, dans la délicatesse et la sérénité de la musique divine de Jean-Sébastien Bach, "Le petit livre d'Anna Magdalena Bach" est tout indiqué.
Anna Magdalena est la seconde épouse de Jean-Sébastien qu'il épouse quand elle a vingt ans. Ils auront ensemble treize enfants dont cinq seulement survivront.
Dans cette vie au service de son grand homme et de sa musique, ponctuée par ses grossesses et ses enfants, source de plus de malheur que de bonheur, elle n'a pas eu le temps d'écrire.
L'idée de l'existence d'une "Chronique d'Anna Magdalena Bach" vient d'un film de 1968, signé Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, et qui porte ce nom. On y voit la femme du musicien dire, ou plutôt scandé, un texte sur sa vie avec Jean-Sébastien Bach. Ce texte, en fait, est composé d'extraits de lettres, de journaux laissés par Bach lui même, son fils Carl Philip Emanuel Bach et François Couperin.
Agathe Mélinand reprend dans "Le petit livre d'Anna Magdalena" une partie du texte des Straub. A la rigueur esthétique du couple de cinéastes, elle substitue une vision plus "douce". A commencer par le fait qu'il y a deux narratrices (Christine Brücher et Fabienne Rocaboy) qui interprètent Anna Magdalena avec beaucoup de distance que le personnage imaginée par les cinéastes. Elles ne sont pas là uniquement pour introduire la musique et il n'y a pas une "frontière" infranchissable avec les musiciens. Dans un espace scénique où les deux instruments se font face, elles ne sont pas statiques, posées devant les musiciens. On peut presque parler d'un quatuor voix-musique.
Et puis parole musicale est donnée à Béatrice Martin aux clavecin et clavicorde, et à Charles Lavaud au piano. C'est peu dire qu'on est touché par la qualité des deux virtuoses. On aura la chance d'entendre dix huit pièces toutes écrites par Jean-Sébastien Bach (à l'exception d'un "menuet de Christian Petzold et des "Bergeries" de François Couperin). Parmi elles, certaines seront interprétées conjointement par la claveciniste et le pianiste.
Charles Lavaud terminera magistralement par le prélude n°1 en do majeur, celui-là même qui inspira à Jean-Claude Vannier sa chanson intitulée "Sur un prélude de Bach", popularisée par Maurane...
Histoire de rappeler que "Le petit livre d'Anna Magdalena Bach" est aussi un spectacle pour tous les publics, quel que soit leur connaissance de la musique nommée abusivement "savante". |