On connaît tous Pierre Botton, du mois de nom. Il est à nos yeux (et les siens aussi) un délinquant financier mais aussi un homme capable du nous donner un point de vue objectif sur l’état de notre univers carcéral. Il fut incarcéré au milieu des années 90 dans plusieurs prisons différentes.
25 ans plus tard, une nouvelle affaire d’abus de biens sociaux l’envoie de nouveau derrière les barreaux pour deux ans. Le voici donc réincarcéré dans la cellule du quartier dit VIP de la maison d’Arrêt de la Santé, désormais appelé QB4. Sauf que les VIP ont bien changé. S’il y a là d’anciens ministres, se comptent aussi un violeur de nourrissons, le complice de l’assassin de Samuel Paty, des trafiquants de drogues, des islamistes radicalisés, des tueurs, un cannibale, un violeur de femmes âgées handicapées…
A la différence d’il y a deux décennies, il n’accepte pas sa peine et se bat pour être libéré. En regardant aussi, effaré, combien la vie et les comportements des incarcérés ont changé. Un besoin monte en lui : raconter le quotidien auquel il assiste pour préparer les Français à ce qui les attend dans un pays où plus aucun territoire n’est épargné par la délinquance ni les règlements de compte.
Vingt-cinq ans après, tout est, en effet, différent. Les profils et attitudes des détenus n’ont rien à voir, la drogue et son argent ont envahi les coursives, les magouilles et trafics sont innombrables, les passe-droits aussi, la peur règne mais pas du côté où on l’imagine. Le personnel pénitentiaire est souvent soumis au chantage et lâché par sa hiérarchie. La violence est permanente, la haine contre la République et les Français visible, audible chez les criminels issus des banlieues et entretenue par des imams auto-proclamés. Il raconte aussi tout ce dont on ne parle pas : l’oisiveté destructrice, les parloirs, la foi, la sexualité, la famille, les brimades sur soi comme les proches, les conséquences d’une incarcération sur ceux-ci. Sans oublier quelques portraits de ceux qui me soutiennent encore, même au plus haut niveau de l’Etat, et d’autres qui m’ont lâché.
C’est vraiment une lecture effarante que nous propose Pierre Botton, une lecture qui n’est pas là pour nous rassurer, qui nous prouve l’échec de notre univers pénitentiaire, marqué par des taux de récidive conséquent. On en vient presque à se demander l’utilité de la prison, au-delà de sa fonction de protéger la société de lourds criminels.
Pierre Botton nous montre aussi l’extrême violence qui règne dans nos prisons, nous parle des populations de plus en plus jeunes qui s’y trouvent, des rapports prisonniers surveillants qui changent, des magouilles, de l’argent et de la drogue qui circule. Il nous parle aussi des problèmes de radicalisation que l’on trouve dans nos prisons, prouvant le renoncement du cadre républicain au fil des années.
QB4 est un ouvrage "choc", une lecture qui fait beaucoup réfléchir autant qu’elle peut nous inquiéter, espérant maintenant que nos politiques prennent véritablement conscience des problématiques carcérales car la prison, au final, est quand même une sorte de miroir de notre société. |