C'est toujours un moment compliqué, au retour des Trans Musicales, de dire ce qu'on a aimé et ce qui nous a déçu. Chaque année, ce week-end musical est un voyage autour du monde, une chasse au trésor à l'affût des perles rares qui deviendront têtes d'affiches mais aussi simplement une découverte de musiciens internationaux qui auront le plaisir de jouer sur une grande scène et que l'on ne reverra peut-être jamais en France. C'est ce qui fait le charme de cet événement qui, depuis 45 ans maintenant, fait remuer les Rennais aux sons du monde entier.
Même si la tâche est difficile, nous allons tout de même essayer de proposer, comme tous les ans, nos 5 moments préférés du festival.
Commençons au Liberté, avec une toute nouvelle configuration qui permet à de nombreux curieux d'entrer gratuitement dans la plus grande salle de concerts de Rennes. Décliné en configuration certes réduite mais nettement plus large que l'Etage où avaient anciennement lieu les concerts en ville, ce grand espace propose chaque après-midi 4 concerts avec des groupes principalement français de grande qualité. Notre coup de coeur s'est porté sur Dalton qui nous avait déjà séduit dès la conférence de presse d'annonce du festival.
Reboot d'un projet des années 80 avec de nouveaux membres, Dalton propose une cold wave entraînante avec un chant mi-parlé mi-scandé délivré par le cerveau du groupe, Patrick Williams. Impossible de repartir sans penser au "Pull sans manches" qu'ils nous feront le plaisir de rejouer en rappel comme pour laisser cet hymne absurde dans les têtes de tout le public prêt à affronter la nuit au Parc Expo.
Après un mini concert dans le Hall du Liberté le vendredi, les très attendus et quasiment tête d'affiche de ce festival, The Silver Lines ne manqueront pas leur rendez-vous avec le public Rennais. Ce jeune quatuor de Birmingham mené par les frères Ravenscroft ne s'encombre pas de fioritures. Ils arrivent sur scène comme on entre dans un pub et régalent le public avec un rock-pop à guitares simple et efficace. On lorgne vers des Strokes moins arty moins brouillons avec des titres qui vont à l'essentiel. Impossible de résister à la furie de "Hotel Room" ou encore "Bound" et on a grand hâte de les revoir sur d'autres festivals.
Hall 3 toujours avec Hanry, groupe local de post-rock qui n'a rien à envier à ses grands frères Mogwai ou encore Explosions in the Sky. Le rock bruyant est toujours bien vivant en Bretagne à l'instar de ce collectif réunissant la fine fleur du rock local dont Mathilde Lejas, également présente sur le festival avec son autre formation Championne. Pas de mystère sur leurs intentions avec beaucoup de calme précédant les déflagrations de guitares, c'est carré, efficace et on redemandera encore ces longues bandes sons de films catastrophe imaginaires. Le shoegaze n'est définitivement pas mort et on le redécouvre tous les ans grâce à la sélection de Jean-Louis Brossard.
Partons finalement en voyage avec deux coups de coeur venant respectivement de Berlin et d'Argentine. D'abord Uche Yara qui nous avait épaté avec son incroyable single "www she hot" , melting pot de rock à guitare, avec passages ragga, breaks, mutiples voix, nous rappelant les grands moments des Bran Van 3000. Aucun autre titre n'était disponible sur les plateformes de streaming mais c'est avec une formation complète et un set de plus d'une heure qu'elle arrive sur scène et diffuse une énergie communicatrice, armée de sa guitare à spirale et secondée par un excellent groupe. Même si aucun titre n'arrive au niveau de son incroyable premier single, cette découverte de 20 ans n'a pas fini de nous étonner.
Puis, dernière surprise de l'édition, la fine équipe de Blanco Teta, directement arrivée de Buenos Aires avec un punk totalement original, sous les cris de la chanteuse Josefina Barreix quasiment couverts par les coups stridents du violoncelle de Violeta Garcia sur un fond proche de l'électro. Les trois filles et leur bassiste sont déchaînés sur scène, tantôt debout, tantôt à terre et laissent le public sans voix. Le mouvement riot grrl était bien présent à Rennes cet hiver, elles en sont la preuve parfaite.
En attendant décembre prochain, nous allons pouvoir retrouver la plupart de ces groupes dans les festivals de l'année et dire qu'on les aura vus à Rennes aux Trans pour la première fois. Et cela fait 45 ans que ça dure ! |