Voilà déjà un de mes premiers coups de cœur lecture de cette rentrée littéraire avec l’ouvrage de Colum McCann publié aux éditions Belfond. Au-delà de ce coup de cœur (j’avoue beaucoup aimé cet auteur, auteur du génial Apeirogon), cet ouvrage est pour moi une lecture essentielle de par le sujet qu’il traite, ou plutôt des sujets qu’il traite.
Le nom de Diane Foley ne vous dit sûrement pas grand-chose. Celui de son fils, James Foley, un peu plus peut-être. James Foley était un journaliste américain, enlevé en 2012 dans le nord de la Syrie dont la décapitation a été filmé par les terroristes de DAESH. Il fut le premier otage américain exécuté par l’Etat islamique en représailles de l’intervention militaire américaine en Irak et en Syrie. Colum McCann était un des auteurs préférés de James Foley.
Diane Foley est donc sa mère, présidente de la fondation James Foley Legacy. Depuis l’assassinat de son fils, elle se mobilise pour attirer l’attention sur la condition des otages et les emprisonnements abusifs dans le monde, notamment au travers d’un documentaire multiprimé, Jim, l’histoire de James Foley, et de tribunes dans les journaux.
Avec cet ouvrage, American Mother, l’auteur irlandais met sa plume au service de Diane Foley au travers du procès de l’un de ceux qui ont torturé, tué et décapité son fils. C’est un ouvrage passionnant qui met en avant des valeurs pacifiques tout en omettant pas de combattre l’attitude des USA face à la situation de ses otages. On perçoit bien ce que représentent les otages pour un Etat (ici, les Américains ne faisaient pas grand-chose pour tenter de récupérer leurs otages) tout en voyant aussi comment ces terroristes sont recrutés en Occident puis formés dans les contrées syriennes et irakiennes.
Diane Foley apparaît comme une femme incroyable, qui cherche à comprendre le parcours du bourreau de son fils, ayant même de l’empathie à son égard tout simplement car il est avant tout un être humain. De son histoire, de sa façon de penser et de ses attitudes, elle ne dégage que très peu de haine, juste un magnifique chagrin qui lui donne la force de mener son combat sur la condition des otages dans le monde.
L’ouvrage nous montre le parcours du combattant de cette mère lorsque son fils était otage pour que les Américains cherchent à le libérer puis toutes ses actions menées après sa mort pour que celle-ci ne soit pas inutile et qu’on ne l’oublie pas. Elle nous parle aussi beaucoup de son fils, de ce qu’il fut, de ses convictions et de sa vocation à aller s’occuper des autres, de ceux qui sont en difficulté.
Certains passages du livre sont portés par la grâce, notamment celui qui traite de sa rencontre avec l’un des ravisseurs de son fils. Ils tentent de répondre à de nombreuses questions. Comment rester debout face à la violence, à l’horreur ? Comment regarder dans les yeux celui qui vous a enlevé ce que vous aviez de plus précieux ? Comment pardonner à l’assassin d’un des siens ? Comment garder espoir quand tant d’atrocités sont commises au nom de la religion ?
C’est donc un superbe ouvrage que nous propose Colum McCann, un livre qui est un formidable hommage d’une mère à son fils. C’est un ouvrage qui nous fait beaucoup réfléchir, à l’heure où de nombreux otages sont encore aux mains du Hamas en Palestine. |