Voilà là une belle découverte que nous propose les éditions La Croisée qui récidive en nous proposant toujours des auteurs venant des quatre coins du monde. Ici, elles nous offrent la possibilité de redécouvrir un auteur américain, un certain Brandon Taylor autour de son ouvrage Les Derniers Américains, un roman choral sur l’art, l’amour, le sexe, l’argent mais aussi la précarité. Nous avions chroniqué et aimé Real Life de cet auteur en août 2022. Le voilà de retour et c’est bien cool de le retrouver. Real life lui, sort en poche au meme moment alors n’hésitez pas à le lire aussi.
A peine paru aux Etats-Unis, Les Derniers Américains a été acclamé par la presse pour maintenant arriver en France pour notre plus grand plaisir de lecture.
Avec ce nouvel ouvrage, l’auteur nous embarque autour d’étudiants à Iowa City qui rêvent de devenir poètes, pianistes, danseurs. Des jeunes remplis d’ambitions et de doutes, aux portes de l’âge adulte. Il y a Seamus, Noah, Fatima et Fyodor, socialement opposés, homosexuels et racisés, qui s’attirent, se déchirent, se croisent, se disputent.
Comme dans Real Life, l’auteur fait le choix de nous ramener dans une université avec néanmoins une approche différente, des étudiants beaucoup plus diversifiés dans leurs origines, leurs pratiques sociales et leurs ambitions. Ici, le campus qui nous est décrit est beaucoup plus communautaire.
Les Derniers Américains s’appuie sur une galerie de personnages aux multiples facettes qui, à la lecture s’avèrent être plus vrais que nature. Ils symbolisent cette jeunesse insouciante, disparaissent et réapparaissent au fil des pages pour former une sorte de puzzle, témoin de notre époque et de nos mœurs.
L’ouvrage s’appuie aussi sur plusieurs fils conducteurs avec le sexe notamment mais aussi l’argent. L’argent qui est évidemment au cœur de la vie des personnages, qu’ils en aient ou pas, que leurs parents soient riches ou pas. L’ouvrage propose alors une véritable réflexion sur le rapport à l’argent de ces étudiants.
L’autre thème important de l’ouvrage est l’art. La plupart des personnages sont des artistes, qu’ils soient dans le milieu de la danse, la poésie, la musique ou la peinture. Des artistes qui ne vivent pas de leur passion ou de leur art, qui doivent travailler pour vivre. L’art est alors ici présenté comme une manière de s’opposer au besoin de survivre.
De toutes ces vies qui pourraient s’apparenter être d’une très grande banalité, l’auteur, en les racontant, les faisant se croiser en fait un ensemble terriblement révélateur d’une société universitaire qui se cherche mais aussi d’un art qui souvent peut tourner vers l’imposture. De cette classe moyenne souvent désœuvrée décrite par l’auteur se dresse aussi une critique de la société capitaliste. Ces jeunes qu’il nous décrit, ces fameux "dernier Américains" qui donne le titre au livre pensent encore que l’art peut affronter cette société capitaliste qui mène vers le chaos. |