Comédie écrite et mse en scène par Yann Reuzeau, avec Charif Ethan Al Ramlat, Aurélie Cuvelier Favier, Mat?j Hofmann, Melki Izzouzi, Loïc Risser, Gabriel Valadon et Sophie Vonlanthen
Yann Reuzeau aime traiter des thèmes qui agitent la société dans ses pièces. De "Débutantes" en 2006 sur la prostitution étudiante à "Criminel" sur l'affaire Jacqueline Sauvage en 2017, il décortique avec finesse les mécanismes de pouvoir et les enjeux modernes.
Avec le très réussi "Chute d'une nation" en 2011 en plusieurs parties, il lançait une "série théâtrale", appliquant à la scène les recettes des séries télévisées. Il en ressortait un feuilleton passionnant qui permettait de développer chacun des personnages avec talent.
Pour "Des ombres et des armes", Yann Reuzeau poursuit ce chemin autant dans la forme que dans le fond avec une écriture et une mise en scène très inspirée des séries : dialogues brefs, scènes courtes, action et changements de lieux incessants. Et il s'intéresse cette fois à un groupe de la DGSI lancé dans une course folle pour déjouer un attentat terroriste.
Le rythme est nerveux, la mise en scène, qui permet de créer de nombreux décors grâce à l'utilisation de panneaux se déplaçant avec fluidité (beau travail signé Goury), est ingénieuse et aidée par une musique trépidante et une lumière d'une grande qualité d'Elsa Revol, permet de donner à ce spectacle une belle densité.
Les scènes paroxystiques s'enchaînent parfois jusqu'à la limite mais la dernière partie offre des scènes plus posées qui permettent de saisir toutes les positions (et de reprendre son souffle). On pourra également souhaiter que ce format puisse amener des jeunes au théâtre, ce qui ne serait pas son moindre intérêt.
La distribution est parfaite, tous les comédiens jouant avec un profond réalisme. On y retrouve bien-sûr la comédienne fétiche du metteur en scène, Sophie Vonlanthen, qui donne une vraie profondeur et une belle complexité à Katia. Mais tous sont à louer : Aurélie Cuvelier Favier, Mat?j Hofmann, Loïc Risser, Gabriel Valadon...
Et l'on découvre la prestation éblouissante de révélations qui ne devraient pas tarder à faire parler d'eux : Charif Ethan Al Ramlat et Melki Izzouzi, d'une justesse absolue et à la belle palette de jeu tous les deux.
Sans manichéisme, "Des ombres et des armes" montre l'intrication à l'intérieur d'une cellule anti-terroriste et dévoile le quotidien de ses membres, chacun avec sa part d'humanité. Une situation toujours sur le fil qui donne d'autant plus de mérite à ces travailleurs de l'ombre en perpétuel contact avec la mort.
Captivant et haletant ! |