Spectacle musical de Anne Cadilhac et Eric Peavec, mise en scène de Yann de Monterno avec Eric Perez et Anne Cadilhac
Quelle bonne idée de réveiller Jean Yanne de ses vingt années de purgatoire ! Acteur, chanteur, auteur, réalisateur, moraliste, humoriste, grosse tête et mauvais esprit, on se doutait bien que Jean Gouyé survivrait à un repos forcé commencé il y a déjà deux décennies.
Il avait accompli trop de choses, et avec un sacré talent de touche-à-tout, pour disparaître à jamais, dans les poubelles d'un show-business
qui n'aime pas les faux cyniques, encore moins les hommes libres et pas du tout ceux qui n'épargnent aucune tartuferie.
Dans la mise en scène joyeuse de Yann de Monterno, on sera dans un décor unique : un jardin coloré fortement herbu et fleuri où le couple qui va rendre hommage à Jean Yanne, Anne Cadilhac et Eric Perez, pourra se reposer et se balancer allongé sous un portique. Sans oublier de se rafraîchir les cordes vocales en prenant l'apéro ou de jouer de l'orgue électronique pour accompagner les ritournelles dues au talent de l'immortel scénariste de "La Langouste ne passera pas".
Habillés dans des teintes oranges bien dans le style des "Seventies" et des tenues bariolées post-hippies, ils emportent immédiatement l'adhésion, chantant bien et pas pour rien. Avant, pendant ou après chaque titre, ils intègrent au gré de leurs envies des petites pensées qui font toujours mouche, imaginées par celui qui fut un "Laval" plus vrai que nature pour Jean Marbeuf.
C'est Eric Pérez qui se lance avec "La Gamberge", une chanson poétique qui rappellera les grands heures de la chanson Rive-Gauche. Sa partenaire à l'orgue a quelque chose de Marlène Jobert, et pas seulement les cheveux roux. Leur tour de chant alterné comprend la plupart des chansons connues de Jean Yanne ("Pauvre Blanc", "Si tu t'en irais", "J'aime pas le rock", "L'eunuque",etc...) mais ne prétend pas à l'exhaustivité.
En écoutant les textes, on est étonné de constater qu'ils n'ont pas vieilli, même quand il s'agit de s'attaquer à gros traits à la religion catholique. L'esprit libertaire de Jean Yanne ne cesse de faire merveille et l'on se dit que c'était du gâchis et de les avoir décrétés désuets.
Bien entendu, dans ce florilège, les chansons des génériques des films de Jean Yanne - qu'Anne Cadilhac et Eric Perez ont gardé pour l'apothéose finale - confinent au génie. Elles bénéficient des mélodies de Michel Magne et en les écoutant, on revoit immédiatement les images de ces œuvres cinématographiques, écrites par Jean Yanne et Gérard Sire. Les plus jeunes auraient intérêt, non seulement à découvrir "Tout le monde il est Jean Yanne", mais aussi son cinéma satirique dont la puissance est aujourd'hui sans égale.
Ce spectacle est doublement appréciable : il fait revivre l'univers de Jean Yanne et donne envie de s'y plonger ou de s'y replonger. Anne Cadilhac et Eric Perez ont eu l'excellente idée de ressusciter Jean Yanne. Désormais, il n'est pas prêt de retourner dans son tombeau.
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